Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

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moyen äge, meme" alors que d'autres provinces, comme la Picardie, la 
Bourgogne, la Champagne, tombaient dans le maniere et le laid. 
On confond avec trop peu d'attention generalement ces ecoles a leur 
declin. Les figures bouffonnes et manierees a Yexces de l'art du XVe siecle 
dans les Flandres, en basse Bourgogne, en Picardie, empechent de voir 
nos oeuvres reellement franeaises de la meme epoque, oeuvres que le 
gout ne cesse de diriger. Aussi est-ce de cette ecole francaise que sor- 
tent, au XVIe siecle, les Jean Goujon, les Germain Pilon, et cette pleiade 
de sculpteurs dont les oeuvres rivalisent avec celles des meilleurs 
temps.  
A dater de 4250, l'art est forme : dans la voie qu'il a parcourue il ne 
peut plus monter. Il reunit alors au style eleve, a la sobriete des moyens, 
a l'entente de la composition, une exccution excellente et une dose de 
naturalisme qui laisse encore un champ large a Fideal. Cependant, si 
seduisantes que soient les belles oeuvres de sculpture a dater de la 
seconde moitie du xme siecle jusqu'au XVe, il est impossible de ne pas 
jeter un regard de regret en arriere, de ne pas revenir vers cet art tout 
plein d'une seve qui deborde, qui parle tant a l'imagination, en faisant 
pressentir des perfections inconnues. Toute production d'art qui trans- 
porte l'esprit au delä de la limite imposee par Yexecution materielle, 
qui laisse un souvenir plus voisin de la perfection que n'est cette oeuvre 
meme, est Freuvre par excellence. Le souvenir qu'on garde de certaines 
statues grecques est pour l'esprit une jouissance plus pure que n'est la 
vue de l'objet; et qui n'a parfois eprouve une sorte de desenchantcment 
en retrouvant la realite l Est-cc a dire pour cela que ces ceuvres sont 
au-dessous de l'estime qu'on en fait? Non point; mais elles avaient 
developpe dans l'esprit toute une serie de perfections dont elles etaient 
reellement la premiere cause. Pour que ce phenomene psychologique 
se produise, il est deux conditions essentielles : la premiere, c'est que 
l'oeuvre d'art ait ete enfantee sous la domination d'une idee chez l'artiste; 
la seconde, c'est que celui qui voit ait l'esprit ouvert aux choses d'art. 
Pour former l'artiste, il est besoin d'un public appreciateur, penetrable 
au langage de l'art; pour former le public, il faut un art comprehen- 
sible, en harmonie avec les idees du moment. Depuis le xvne siecle, 
nous voulons bien qu'on ait pense a maintenir l'art a un niveau eleve, 
mais on n'a guere songe a lui trouver ce public sans la sympathie com- 
prehensive duquel l'art tombe dans la facture, et n'exprime plus un 
sentiment, une idee, un besoin intellectuel. 
Il est evident que pendant le moyen äge il existait entre l'artiste et le 
public un lien etroit. Le moyen age n'aurait pas fait un si grand nombre 
de sculptures pour plaire a une coterie, l'art s'etait democratise autant 
qu'il peut l'etre. De la capitale d'une province, il penetrait jusque dans 
le dernier hameau. 
Il avait sa place dans le chateau et sur la plus humble maison du petit 
bourgeois; et ce n'est pas a dire que l'oeuvre fut splendide dans la ca-
	        
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