Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

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rompre avec le passe : que ce passe soit le romain, dont les monuments 
ne manquaient pas en France, qu'il soit le roman plus ou moins impregne 
des arts greco-romains ou syriaques, les ecoles laiques le repoussent 
comme structure, comme aspect des masses, comme proportions, comme 
decoration. Nous ne croyons pas utile, arrive au huitieme volume de 
ce Dictionnaire, de repondre a l'objection faite parfois: que les artistes 
gothiques n'ont pas copie l'architecture romaine parce qu'ils etaieiat hors 
(Yetat de l'imiter, trop ignorants pour en comprendre la valeur. Ce qu'ils 
tentaient et ce qu'ils obtinrent, etait bien plus savant que ne l'eut etc 
une imitation des arts romains. D'ailleurs, apres l'art roman, il etait plus 
facile de retourner franchement au romain, qui en differe si peu, que 
de s'en ecarter. Si l'ecole s'en eloignait plus que jamais, si elle rornpait 
meme avec les traditions des arts antiques fusionnes dans le roman, c'est 
qu'elle en avait lavolonte, et que cette volonte s'appuyait sur une raison 
superieure a toute autre. 
Voila ce qu'il faut bien constater, si l'on veut comprendre quelque 
chose a ce mouvement d'art de la fin du XIIÜ siecle. (Yetait une reaction 
active, violente, aussi bien contre l'antique domination romaine que 
contre le systeme theocratiquc et le systeme flwodal. Cette ecole, une fois 
maitresse dans le domaine de l'art, entendait que rien, dans les arts, ne 
devrait rappeler un passe dont on ne voulait plus. Aussi, avec quel em- 
pressement les grandes villes du Nord s'empressent de jeter bas leurs 
vieilles cathedrales pour en batir de nouvelles! Bien ne leur coüte pour 
elfacer la derniere trace de cet art roman developpe au sein des etalalisse- 
ments monastiques! 
Qu'alors les eveqiles, les seigneurs, ne l'aient pas entendu ainsi, que les 
populations des villes n'aient pas precise leur pensee avec cette rigueur, 
cela est certain: mais les monuments sont la; leur caractere, les details 
dont ils se couvrent, leur structure, parlent pour ces premieres corpora- 
tions d'artistes et d'artisans laiques, qui certes n'ont pas, par l'effet du 
hasard, et sans une raison bien murie, rompu brusquement avec tout un 
passe. La franc-maconnerie, le compagnonnage des charpentiers, sont 
un dernier dcbris de ces associations laiques, sortes d'initiations dont les 
resultats, longtemps presentes comme l'expression de la barbarie et de 
l'ignorance, ne sont, a tout prendre, que le symptome manifeste des pre- 
miers efforts d'une nation qui se reconnait apres tant (Passervissements 
successifs, veut se constituer, et date son affranchissement, le retour de 
son esprit national, sur des monuments dus a son propre genie et n'em- 
pruntant plus rien aux sieclcs antericurs. Aussi ne signaient-ils que bien 
rarement leurs oeuvres, ces premiers maitres de l'ccole lajque. A quoi 
bon? ils laissaient sur ces monuments l'empreinte du genie national de- 
barrassc de tant de traditions decrejiites, et cette signature a sa valeur. 
Si ces artistes, apres avoir etabli un principe de structure neuf, aprbs 
avoir Soumis logiquement ace principe tout un systeme de proportions, 
de profils, de traces, avaient conserve quelque chose de la decoration
	        
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