Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

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eux et ifctaient point pourvus de fonctions ou de dignites de nature a 
leur donner une autorite preponderante dans la corporation. On com- 
prend comment un pareil etat social devait etre favorable au developpe- 
ment et au progres tres-rapidc de l'art. Uexperience ou le genie de chaque 
membre eclairait la corporation, mais n'imposait ni des doctrines ni des 
methodes. Aussi l'art de cette epoque est-il bien le fidelc miroir de cet 
etat social des artistes. Une experience reussit-elle, aussitot on la voit re- 
pandre ses resultats, et etre immediatement suivie d'un perfectionnement 
ou d'une tentative nouvelle. Il est bien certain,  et nous en avons la 
preuve au xmc siecle,  que l'art etait pratique dans certaines familles, le 
pere instruisait son fils ou son neveu. Les connaissances se transmettaient 
ainsi dans des corporations composees d'un nombre de membres ayant 
tous les caracteres de la caste. (les connaissances, considerees comme le 
privilege de la caste, ifctaicnt point divulguees dans le public; et leur 
transmission non interrompue dans l'atelier ou la famille, du patron a 
l'apprenti, du pere au fils, explique comment nous ne possedons aucun 
traite ecrit sur les matieres d'art en France de la {in du X118 siecle au xvle. 
Des moines pouvaient ecrire ces traites, et nous en possedons un, celui 
de Thcophile, qui date du milieu du x11" siecle tres-vraisemblablement, 
s'occupant de la peinture, des vitraux, de Yorfevrerie, de la menuise- 
rie, etc.; (Fautres avaient du etre ecrits dans les monasteres, parce qu'il 
s'agissait de transmettre des methodes, soit d'un couventa l'autre, soit 
dans des eecles separees du IDOHZISIÄBPO. Mais les membres laiques des 
corporations (Fartistes ou d'artisans, non-seulement n'avaient nul besoin 
de mettre sur le papier le resultat de leur experience et de leur savoir, 
mais devaient eviter mcme de rien ecrire, pour ne pas donner au vulgaire 
les recettes, les methodes admises dans l'atelier. L'album de Villard de 
Honnecourt, qui date de 1250 environ, n'est qu'un cahier de notes prises 
partout et sur tout, depuis des proccdcs de traces jusquäi des recettes 
pour taire des onguents, mais n'a pas le caractere d'un traite destine a 
perpetuer des methodes ou des moyens pratiques. Villard discute, il pose 
des questions; son cahier est un UICHIÜHIO, pas antre chose. 
Cet etat social des artistes laiques a la lin du x11" siecle, connu, nous 
deinontre comment ces corporations devaient necessairement agir dans 
une sphere absolument libre; car, a moins de supprimer la corporation, 
comment lui imposer un goüt, des methodes ? Force etait d'accepter ce 
qu'elle voulait faire, de suivre le style, les procedes qu'il lui plaisait 
d'adopter, et dont elle discutait la valeur au sein de son organisation 
toute republicaine, ou les voix n'avaient qu'une autorite purement mo- 
rale, due a une longue expericnce, au genie ou au simple merite person- 
nel. Une organisation pareille pouvait seule changer en quelques annees 
la face des arts, sans qu'aucun pouvoir, ou civil, ou ecclesiastique 
(en eut-il eu la volante), fut en etat d'arreter le mouvement donne. Mais 
ce qui imprime un caractcre d'une grande valeur nationale a cet etablis- 
sement des ecoles laiques du xnc siecle, c'est que leur premier soin est de 
vin.  30 

	        
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