RESTAURATION
Les deux niches laterales, refaites au XVle siecle, sont veuves de leurs
statues, etle crucifix que nous avons replace sous le pignon n'existe plus.
Mais {lH-(lÜSSLlS du linteau de cette porte on voit encore la petite niche
carree qui etait destinee 51 contenir un falot. Un mur de soutenement,
avec deux rlegres, borde la voie publique, et laisse une terrasse en avant
(le Yedicule.
RESTAURATION, s. f. Le mot et la chose sont modernes. Restaurer un
edifice, ce n'est pas l'entretenir, le reparer ou le refaire, c'est le retablir
dans un etat complet qui peut n'avoir jamais existea un moment donne.
Ce n'est qu'a dater du second quart de notre siecle qu'on a pretendu
restaurer des edifices d'un autre age, et nous ne sachions pas qu'on ail.
defini nettement la restauration architectonique. Peut-etre est-il opportun
de se rendre un compte exact de ce qu'on entend ou de ce qu'on doit.
entendre par une restauration, car il semble que des equivoques nom-
breuses se sont glissees sur le sens qu'on attache ou qu'on doit atta-
cher a cette operation.
Nous avons dit que le mot et la'chose sont modernes, et en elfet au-
cune civilisation, aucun peuple, dans les temps ecoules, n'a entendu
faire des restaurations comme nous les comprenons aujourd'hui.
En Asie, autrefois comme aujourd'hui, lorsqu'un temple ou un palais
subissait les degradations du temps, on en elevait ou l'on en eleve un
autre a cote. On ne detruit pas pour cela l'ancien edilice; on l'aban-
donne a l'action des siecles, qui s'en emparent comme d'une chose qui
leur appartient, pour la ronger peu a peu. Les Romains restituaient
mais ne restauraient pas, et la preuve, c'est que le latin n'a pas de mot
qui corresponde a notre mot restauration, suivant la signification qu'on
lui donne aujourd'hui. Instaurare, reficere, TÜIIOUGTE, ne veulent pas
dire restaurer, mais retablir, refaire a neuf. Lorsque l'empereur Adrien
pretendit remettre en bon etat quantite de monuments de l'ancienne
Grece ou de l'Asie Mineure, il proceda de telle facon qu'il souleverait
contre lui aujourd'hui toutes les societes archeologiques de l'Europe,
bien qu'il eüt des pretentions aux connaissances de Yantiquaire. On
ne peut considerer le retablissement du temple du Soleil, aBaalbek,
comme une restauration, mais comme une reconstruction, suivant le
mode admis au moment ou cette reconstruction avait lieu. Les Ptole-
mees eux-memes, qui se piquaient ne respectaient pas
absolument les formes des monuments des vieilles dynasties de FEgypte,
mais les restituaient suivant la mode de leur temps. Quant aux Grecs,
loin de restaurer, (fest-a-dire de reproduire exactement les formes (les
edifices qui avaient subi des (legratlations, ils croyaient evidemment bien
faire en donnant le cachet du moment a ces travaux devenus neeessaires.
Elever un arc de triomphe comme celui de Gonstantin, a Bome, avec les
fragments arraches äYarc de Trajan, ce n'est ni une restauration, ni
une reconstruction; c'est un acte de vandalisme, une pillerie de bar-