SCULPTURE
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mencee par Zenghi. Cependant, en 11611 et en 1167, les armees ehre-
tiennes de Syrie envahirent deux fois la basse Egypte, et s'y maintinrent
jusqu'en 1169, dans la crainte de voir les armees musulmanes attaquer
a la fois le royaume de Jerusalem par le nord, l'est et le sud. Pour les
chretiens, a dater de 1170, l'Orient n'est plus quiun champ de bataille
oü chaque jour il faut se defendre. Plus de commerce, plus (Yetablisse-
ments sürs, plus de relations avec les caravanes venant de la Perse.
Accules a la mer, ils ne (levaient plus songer qu'a se maintenir dans le
peu de villes voisines du littoral qui leur restaient, et nbifraient plus aux
Occidentaux, qui affluaient en Syrie et en Palestine trente ans aupa-
ravant, que des armes pour defendre les debris de leur domination.
Cette source d'arts et d'industries qui avait eu sur l'Occident une
influence si considerable etait tarie; d'ailleurs elle nous avait donne
ce qu'elle pouvait nous donner.
lndependamment des invasions a main armee que les Francs avaient
tentees en 11611, il existait entre PEgypte et le royaume de Jerusalem
des relations frequentes; ces invasions memes n'etaient qu'une conse-
quence des rapports, quelquefois amicaux, plus souvent hostiles, qui
Setaient etablis entre les successeurs de Godefroy de Bouillon et les
khalifes d'Egypte. En 1153, les chretiens s'emparaient de la ville d'Asca-
lon, qui etaitle boulevard des Egyptiens en face des armees de Syrie.
Vers le meme temps, une flotte partie des cotes de la Sicile s'empara de
la ville de Tanis, non loin de la ville de Damiette. Ainsi les Occidentaux,
qui, de la fin du XIe siecle jusque vers 1125, occupaient principalement
les villes du nord de la Syrie et de la Syrie centrale, avaient peu a peu
etendu leurs possessions, maigre bien des revers, jusquten Egypte. Leurs
etablissements, repartis sur une ligne peu profonde, mais tres-allongee,
sletaient trouves tout diabord en contact avec les debris des arts greco-
romains et byzantins, puis, plus tard, avec ceux de la Palestine, et enfin
de la basse Egylate, miest-a-dire avec les arts des Sassanides, des khalifes,
et meme peut-etre des Ptolemees. Il ne faut pas oublier d'ailleurs que les
Occidentaux furent en Orient des destructeurs de villes et de monuments
bien autrement actifs que ne l'avaient ete les Arabes. Ces derniers ne
süittaquaient guere aux edifices, batissaient peu, jusqu'au xc siecle; ils
enlevaient les richesses et les populations, mais laissaient subsister les
monuments. Nous en avons la preuve dans le Hauran. Mais les chretiens
d'0ccident, batisseurs de forteresses, de remparts, ne laissaient rien
debout. Il y a tout lieu de croire qu'il existait bien des edifiees en Syrie,
en Palestine et dans la partie nord-orientale de PEgypte, qui furent ainsi
renverses pour elever ces chäteaux et ces murs dont aujourd'hui encore
on trouve des debris si nombreux et si imposants. De precieux monu-
ments pour Yetude de Yareheologie ont dü disparaitre ainsi; mais ces
demolisseurs acharnes ne laissaient pas, en Orient, comme partout, de
profiter des arts dont ils aneantissaient ainsi les modeles. ll y a, entre
l'art de Syrie et celui de PEgypte antique, une lacune regrettable. Notre