SCULPTURE
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cote (l'une imitation trirs-line de la sculpture byzantine est un morceau
lourdement inspire des restes gallo-romains, comme dans l'exemple pre-
cedent, qui se rapproche de 11110. Cependant les fragments anciens de la
cathedrale de Bourges' qui garnissent les deux portes nord et sud, et
notamment le linteau a grands enroulements d'une de ces deux portes
(M130 a 1150), presentent un caractere de sculpture assez franc, se rap-
prochant beaucoup de l'art roman de Chartres et de Plle-tle-France.
Par le fait, vers cette epoque, l'ecole romane du Nord se developpe
sur une surface de territoire etenflue qui comprend Flle-de-Frztncc
proprement dite, une partie de la Normandie Sequanaise, le Beauvaisis,
le Berry, le pays Chartrain et la basse Champagne. Cette ecole, de
1130 a M115, avait, de ces elements, su mieux qu'aucune autre (Feeole
toulousaine exceptee) composer un style particulier qui n'est ni le
byzantin, ni une corruption du gallo-romain, ni une reminiscence de
l'art nord-europeen, mais qui tient un peu de tout cela, et qui, au total,
produit de beaux resultats. Arrivee plus tard que les ecoles du Centre et
du Midi, et surtout que la grande ecole de Cluny, peut-etre a-t-elle
profite des efforts de ses devancieres, a-t-elle pu mieux qu'elles operer
un melange plus complet de ces styles divers.
Cependant, quand on remonte aux premiers essais de l'ecole dont le
foyer est Flle-de-Frzince, apres l'abandon des traditions gallo-romziines
restees sur le sol, on ne peut meconnaitre que cette ecole reagit plus
qu'aucune autre contre ces traditions. On pourrait voir la dedans le
reveil d'un esprit gaulois, d'autant qu'il est bien difficile autrement de
comprendre Pespece de repulsion que l'art de la sculpture, au commen-
cement du x11" siecle, manifeste pour tout ce qui rappelle le style romain.
Dans les autres provinces, au fond de toute sculpture, on retrouve quel-
que chose de l'art antique admis dans les Gaules, et plus specialement
dans les pays de langue d'oc, mais autour de Paris des elements neufs
ou renouveles apparaissent.
Cette ecole de Flle-de-France etait certes, au commencement du
xne siecle, relativement barbare. Uechantillon de sculpture d'ornement
datant de cette epoque que nous donnons ici (fig. A3), tire de Feglise
abbatiale de Morienval (0ise) 2, est bien eloigne de la belle et large sculp-
ture de Vezelay, de celle de Toulouse, de celle du (Juercy. Mais on ne
peut voir la seulement de grossieres reminiscences des arts antiques.
Le cheval sculpte sur l'un de ces chapiteaux se retrouve sur un grand
nombre de monnaies gauloises anterieures a la domination romaine.
Cette ornementation inspiree d'ouvrages de vannerie est elle-meme plus
1 Fragments romans replacäs aux portes nord ct sud, lors do la reconstruction de la
catluädrnle au xxne siizclc.
2 Chapiteaux de l'abside, dont la construction remonte aux PPOIUIÄWBS annäes du
x11" sibclo. Nous devons ces ctcssins il M. Bmswilwalrl, qui a bien voulu nous communi-
quer los (itudos trils-ddlaillüos fuites par lui sur cet intdressunt monument.