Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

[SCULPTURE ]  192  
trois siecles, ils ont couvert ses provinces de monuments; or, des que 
le trouble des grandes invasions est passe, est-ce aux arts romains que le 
Gaulois recourt? Non, il va chercher ailleurs ses inspirations, ou plutot 
il les retrouve dans son propre genie ravive par un apport puissant de 
peuplades sorties du meme berceau que lui. 
On nous dit : a La langue francaise est derivee du latin, donc nous 
sommes Latins. n D'abord, il faut reconnaitre que nous avons passable- 
ment modifie ce latin; que le genie de la langue francaise differe essen- 
tiellement du genie de la langue latine; puis, apres une possession non 
contestee pendant trois siecles, le Romain avait eu le temps d'imposer 
sa langue, puisqu'il avait en main le gouvernement et l'administration. 
Le latin etant admis comme langue usuelle sur la surface des Gaules, on 
ne cessait pas de parler, ne fut-ce que pour se plaindre, dans ces contrees 
ravagees par des invasions, mais on cessait de batir, et surtout de sculpter 
et de peindre; du va au VIIIe siecle on eut le temps d'oublier la pratique 
des arts. Cependant lorsqu'un etat social passablement stable succedc 
a ce chaos, lorsqu'on peut songer a batir des palais, des eglises, des mo- 
nasteres et des maisons, lorsqu'on pretend les decorer, pourquoi donc 
ces populations gauloises ne prennent-elles pas tout simplement l'art 
romain ou on l'avait laisse ? Pourquoi (surtout dans les choses purement 
         
donc qu'il y avait un genie local, ä Yetat latent, renouvele encore, 
comme nous le disions tout Z1 l'heure, par des courants de meme origine, 
et que ce genie, a la premiere occasion, cherchait a se developper suivant 
sa nature. Ce n'est pas la une question d'ignorance ou de barbarie, 
comme on l'a si souvent repete, mais une question de temperament. 
Par instinct, sinon par calcul, ces artistes romans n'ont pas voulu se 
ressouder a l'art romain, ou du moins a l'art gallo-romain. Il serait- 
etrange, en effet, que ces architectes et sculpteurs romans du commen- 
cement du X116 siecle, qui avaient autour d'eux, sur le sol gaulois, quan- 
tite de monuments gallo-romains, les aient negliges pour s'emparer 
avec avidite de l'art greco-romain ou byzantin de FOrient, des qu'ils 
Pcntrevoient, s'ils ne s'etaicnt pas senti comme une sorte de repulsion 
instinctive pour le romain batard de la Gaule et une affinite pour le 
romain grecise de l'0rient. {Ifetait donc cet appoint grec qui les seduisait, 
qui leur etait sympathique? Avaient-ils tort? Et le xvue siecle a-t-il eu 
raison en nous romanisant de nouveau par des motifs fort etrangers 
a l'art ? Qu'un souverain absolu comme Louis XIV ait trouve commode 
däätouffer le genie particulier a notre pays pour assurer, croyait-il, le 
pouvoir monarchique en France, on le concoit sans peine; mais que le 
pays lui-meme se rendit complice de cette pretention, voila ce qui ne 
pouvait etre. Louis XIV etait cependant un grand roi, sin0n un grand 
homme, et il sut si bien combiner tous les rouages de son mccanisrne 
de romanisation, que nous en trouvons encore a chaque pas des pieces 
entieres fonctionnant tant bien que mal, comme la vieille machine de
	        
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