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SCULPTURE
certains ornements si frequents dans la sculpture byzantine 1; c'est plus
encore dans ces compositions toutes pleines d'une seve originale, 0h (195
feuillages tordus, des rinceaux, des animaux, sfenchevetrent avec une
sorte de rage, se decoupent puissamment, formant ainsi des reliefs
brillants, des ombres vives d'un grand effet. Uorfevrerie byzantine pre-
sente un grand nombre de ces sortes de compositions; mais Fexecution
en est lourde, molle, uniforme, tandis que Feeole de Toulouse sait la
rendre precise, heurtee meme parfois jusqrfä la vriolenee. Temoin ce
chapiteau du portail occidental de Saint-Sernin (fig. 29), dans lequel
s'entrelacent des animaux d'une physionomie si farouche et si etrange.
Tout imparfait que soit cet art, apres les molles sculptures de la Pro-
vence, son energie charme et attire l'attention; il est l'expression d'un
peuple cherchant des voies nouvelles, aspirant a se delivrer de traditions
abatardies. Cette ornementation de Pecole toulousaine du X118 siecle
preoccupe, se fait regarder, provoque Yetude, tandis que celle de Pro-
vencc, seduisante au premier abord, ne presente, lorsqu'on veut l'ana-
lyser, qu'une reunion de poncifs communs, alteres par une longue suite
(Yimitations ou Yindifference de l'ouvrier. Un peuple se peint dans sa
sculpture lorsque celle-ci ne lui a pas etc imposee par l'habitude ou
par un faux goüt pretendu classique. Or, rien ne pourrait mieux expri-
mer le caractere de cette population toulousaine qui sut resister avec
tant dkänergie aux armecs de Simon de Montfort que ces nombreux
objets d'art qu'on voit encore dans la capitale languedocienne ou dans
quelques villes environnantes, telles que Moissac, Saint-Arltonin, Car-
cassonne.
Cette derniere ville possede des sculptures d'ornement dans l'ancienne
cathedrale de Saint-Nazaire, anterieures a celles de Saint-Sernin, c'est-ä-
dire qui (latent des dernieres annees du x16 siecle. Ce sont principalement
Voyez CHAPITEAUX, fig. 18.