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romano-grecque de Syrie, se developpe une frise, se pose un chapiteau,
qu'on pourrait croire empruntes a quelques ruines gallo-romaines. Ce
melange des deux arts, ou plutot des deux branches de l'art romain,
dont l'une s'est developpce dans les Gaules, et l'autre en Syrie, sous
l'influence grecque, ne donne au total qu'un art mediocre, sans caractere
propre, sans originalite. Ce n'est pas la le cote brillant de l'architecture
provencale du X112 siecle. La sculpture d'ornement ne prend pas une
allure libre entre deux influences egalement puissantes. Les cloitres de
Saint-Trophime d'Arles, de Montmajour; les eglises de Saint-Gabriel pres
de Tarascon; de Saint-Gilles, du Thor pres d'Avignon, presentent dans
leur sculpture d'ornement ce caractere mixte, hesitant, des reminiscences
de deux arts sortis d'un meme tronc, il est vrai, mais qui, s'etant deve-
loppes separement, ne peuvent plus s'allier et preoccupent l'oeil par la
diversite des styles. On peut fondre deux arts d'origines differentes ou
un art ancien dans des principes nouveaux; mais deux branches d'un
Intime art, lorsqu'on pretend les reunir, se soudent mal et laissent dans
l'esprit le sentiment d'une chose inachevee, ou tout au moins produite
par des artistes isoles, fort surpris de trouver leurs (nuvres melecs.
Tout autre est l'ecole de Toulouse : celle-la abandonne franchement,
au X110 siecle, l'imitation de la sculpture d'ornement gallo-romaine; mais
en s'inspirant de l'art byzantin, en lui empruntant ses hardiesses, ses
Combinaisons geometriques, ses compositions, elle conserve un caraotärfb
local, du tries-vraisemblablement aux emigrations qui se repandirent
dans le Languedoc a la chute de l'empire romain. Cette ecole s'emancipe
0h produit des ouvrages tres-superieurs ä ceux de l'ecole provencale. Il
faut reconnaitre quündependamment de son caractere propre, Pecole
de Toulouse n'est pas en contact direct avec FOrient; ce qui l'inspire, ce
S-Ont moins les monuments de Syrie ou de Constantinople que la vue
flbbjets provenant du Levant : ivoires, bois sculptes, objets d'orfevrerie,
elüffes, tout lui est bon, tout devient pour elle un motif d'ornement
SCulpte. Les Byzantins ne representent, dans leur sculpture monumen-
tale, ni des animaux, ni des figures humaines; en revanche leurs etolfes
OH sont amplement remplies : beaucoup d'ornements de Fecole de Tou-
louse reproduisent, au milieu d'entrelacsf de branches, des animaux
Üfffüntes, ou se repetant sur une frise comme ils se repetent sur un
Salon fait au metier. Le musee de Toulouse est rempli de 068 bHHdGHUX
"Psäemblant fort a de la passementerie byzantine, d'une 5116586 dVlXfiüll-
ÜOH toute particuliere, et de ces entrelacs rectilignes ou curvilignes, de
08s rinceaux perles empruntes a des menus objets TaPPOFÜÜS diÜfient et
aussi au genie local qui, par les emigrations des Wisigoths, a bien quel-
(lues rapports avec celui des peuplades indo-europeennes du Nord. Les
flgures 28, 28 bis et 28 ter donnent des exemples de ces ornements ou le
byzantin se mele a cet art que nos voisins d'Angleterre appellent saxon,
et dont nous aurons tout ä l'heure l'occasion de parler.
Mais ou Yecole d'ornement de Toulouse deploie un genie particulier,