L SCULPTURE j 176
alliance intime des deux arts. Il suffit, pour le reconnaitre, de feuilleter
la monographie de cette cathedrale publiee par Lassus, et les planches
de l'ouvrage de M. Gailhabaudh Les supports des statues, celles-ci et
les colonnes qui leur servent de dossier, forment un tout dont la
silhouette est des plus heureuses, et dont les details sont du meilleur
style. Uoriginalite de ces compositions, qui datent de 1230 a 12h0, est
d'autant plus remarquable, qu'a cette epoque dejii les maitres des
oeuvres, seduits par les combinaisons geometriques, tendaient a res-
treindre le champ du statuaire.
Des les premieres annees du XIIIE siecle, il s'etait fait dans l'art de la
sculpture d'ornement une revolution qui tendait d'ailleurs a faciliter
l'alliance de la statuaire avec l'architecture. La sculpture d'ornement ser-
vait alors de lien, de transition naturelle entre les formes geometriques
et celles de la figure humaine, en ce que deja elle recourait a la flore
des bois et des champs pour trouver ses motifs, au lieu de s'en tenir aux
traditions des arts romains et byzantins. Il nous faut ici revenir un peu
en arriere alin de faire counaitre par quelles phases les differentes ecoles
francaises avaient l'ait passer la sculpture d'ornement, tout en s'occupant
de developlaer la statuaire. Jusqu'au x1' siecle, sauf de rares exceptions,
telles que celle presenteeligure M, la sculpture d'ornement reproduisait
d'une maniere barbare et maladroite les restes de la sculpture gallo-
romaine. Nous n'avons fait qu'indiquer les influences dues aux Wisi-
goths, aux Burgondes, aux Scandinaves (Normands), parce qu'il est dif-
ficile (Vapprecier Yetcndue et l'importance de ces inllucnces, faute de
monuments assez nombreux. Mais, au moment des premieres croisades,
la sculpture d'ornement se developpe, nous l'avons dit (leja, avec une
abondance telle, que bientot les modeles orientaux qui avaient servi de
point de depart sont depasscs quant a la variete et a Fexecution. Ces
modeles, les croises occidentaux les avaient trouves dans les villes de la
Syrie centrale et a Gonstantinople. Mais cette sculpture greco-roinaine
est plate, un peu maigre, decoupee, et sa composition peclie par la mo-
notonie. C'est un art de convention qui n'empruntait que bien peu a la
nature. Le bel ouvrage sur les eglises de Constantinople, par M. Salzen-
berg2; le Itecizeil (l'architecture civile et religieuse de la Syrie centrale,
publie par M. le comte Melchior de Vogüe avec les dessins de M. Duthoit 3,
nous font assez connaitre que deja, au v5 siecle, il existait dans toute
cette partie de POrient, visitee plus tard par les croises, une quantite de
monuments dans lesquels la sculpture d'ornement prend un caractere
particulier, evidemment issu de l'antique art grec, mais profondement
modifie par les influences romaines et asiatiques. Aussi, dans son Avant-
1 Lülrchitecture du v2 au xvne siäcle, et les arts qui en däpendenf, t.
trional de Päglise cathddralc de Chartrcs et les dätails.
2 AIt-Clzristliclze Baudenknzale von Consianlinopel. Berlin, 1854.
3 Baudry, Paris, 1865.
1 ; Porche septen-