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figures qu'ils sculptaient, Z1 l'effet qu'elles devaient produire en raison
de cette destination. Ils se permettaient ainsi des irregularites ou des
exagerations que l'effet en place justifie pleinement, mais qui les. feraient
condamner dans une salle d'exposition aujourd'hui.
A notre avis, l'exposition d'une statue, en dehors de la place alaquelle-
On la destine, est un piege pour l'artiste. Ou il travaille en vue de cette
exhibition isolee, partielle, et alors il ne tient pas compte de l'emplace-
ment, du milieu delinitif; ou il satisfait a ces (lernieres conditions, et il
ne saurait contenter les amateurs qui vont voir sa statue comme on
Pcgarde un meuble ou un ustensile dont la place n'est point marquee.
On peut produire une fieuvre de statuaire charmante, possedant en elle-
Illeme sa valeur, et plusieurs de nos statuaires modernes ont prouve que
C0121 etait possible encore aujourd'hui. Mais s'il s'agit de la statuaire
Ilppliquec a l'architecture, il est des conditions particulieres auxquelles
OH doit satisfaire, conditions d'effet, d'emplacement, souvent opposees
il celles qui peuvent pleinement satisfaire dans l'atelier. Or, les sculpteurs
du moyen äge avaient acquis une grande experience de ces effets, en
raison de la place et de l'entourage, de la hauteur, de la dimension
Vraie ou relative. On pourrait meme soutenir que, sous ce rapport, les
statuaires du moyen age sont alles bien au dela des Grecs, soit parce
qu'ils placaient dans les edifices un nombre beaucoup plus considcrablc
(16 figures, soit parce que ces edifices etant de dimensions incomparable-
Üalflnt plus grandes, ils devaient tenir compte de ces dimensions lorsqu'il
Sügissait de produire certains effets que Feloignemcnt, la perspective,
Ülndaient a detruire.
Il est evident, par exemple, que les Parques du fronton du Parthenon,
ces incomparables statues, ont etc faites bien plutot pour etre vues dans
1111 atelier que sur le larmier du temple de Minerve. A cette place, la
Plllpart des details n'etaient vus que des hirondelles, et les figures assises
devaient presque entierement etre masquees par la saillie de la corniche.
pans le menie monument, les bas-reliefs de la frise sous le portique,
Oclaires de reflet, pouvaient diflicfllcment etre apprecies, bien que le
SÜÜIDtOHr, par la maniere dont sont traitees les figures, ait ävidemmeüt
99H86 aleur eclairage. Mais comme dimension, qu'est-ce que le Parthenon
Wmpare a la cathedrale de Reims ? C'est dans ce dernier edifice oü l'on
peut constater plus particulierement la science. experimentale des sta-
tuaires du moyen agc. Les statues qui garnissent les grands pinacles des
Contre-forts, et qui ont plus de [l metres de hauteur, produisent un effet
ÜOITIpletement satisfaisant, vues d'en bas; si nous les examinons de pres,
f0utes ont les bras trop courts, le cou trop long, les epaulcs basses, les
Jambes courtes, le sommet de la tete developpe en largeur et en hauteur.
Cependant 1a pratique la plus ordinaire de la perspective fait reconnaitre
(1116 ces defauts sont calcules pour obtenir un effet satisfaisant du point
Oü l'on peut voir ces statues. On ne saurait donner geometriquement les
Fffgles que dans des cas pareils les statuaires doivent observer, c'est la