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XVle siecle, deux choses qu'il faut empecher atout prix, parce que ce
serait la mort du protectorat academique en matiere d'art, et que le
protectorat est commode pour ceux qui Yexercent comme pour ceux qui
s'y soumettent, et en proütent par consequent.
Ce qu'il est important de maintenir, c'est qu'avant le XVIe siecle, toute
production d'art en France n'etait qu'un essai grossier, barbare; que
Fltaliea eu l'heureuse destinee de nous eclairer; que certains artistes
assez adroits, au xvrt siecle, en France, sous l'influence de la cour de
Ffälncois I", se sont degrossis au contact des Italiens et ont produit des
ceuvres qui ne manquent pas de charme. Mais qu'au xvue siecle seul,
Gest-a-dire a l'Academie qui en est une incarnation, il etait reserve de
coordonner tous ces elements et d'en faire un corps de doctrine d'on la
lumiere, a tout jamais, doit jaillir. Si on laisse entrevoir que la France a
DOSSf-ide un art avant cette inoculation italienne du XVIe siecle, si bien
regläe par PAcademie, tout cet echafaudage scelle, dresse avec tant de
soins et a l'aide de mensonges historiques, s'ecroule, et nous nous retrou-
vons en face de nous-memes, dest-a-dire de nos oeuvres a nous. Nous
reconnaissons qu'on a pu faire des chefs-d'oeuvre sans ecole des Beaux-
Arts et sans villa Medicz". Nous n'avons plus, en fait de protecteurs des
arts, que notre talent, notre etude, notre genie propre et notre courage.
Il n'y a plus de gouvernement possible dans l'art avec ces elements seuls,
tout est perdu pour les gouvernants comme pour une bonne partie des
gouvernes, et surtout pour la classe des censeurs n'ayant jamais tenu ni
Väbauchoir, ni le compas, ni le pinceau, mais- vivant de l'art comme
le lierre vit du chene en Yetouffant sous son plantureux feuillage.
Le vrai peut quelquefois xfätre pas vraisemblable
Si l'on eut dit a ces artistes, pardon, a ces imagiers du X1119 siecle:
H Bonnes gens, qui faites de la sculpture comme nulle part on n'en fait
(le votre temps, qui formez Fecole mere ou l'on vient etudier, qui en-
Y0yez des artistes partout, qui pratiquez votre art avec la foi en vos
(euvres et une parfaite connaissance des moyens materiels, qui couvrez
notre pays d'un monde de statues egal, au moins, au monde de statues
des villes grecques; il arrivera un moment, en France, a Paris, 1a ou
vous placez le centre de vos eeoles, ou des hommes, Francais comme
vous, nieront votre merite, cela vous importe peu, mais essayeront
de faire croire que vous n'avez pas existe, que vos oeuvres ne sont pas de
vous, qu'elles sont dues au hasard protecteur, et donneront, comme
preuve, que vous n'avez pas signe vos statues... 1) Les bonnes gens n'au-
raient päs ajoute foi ä la prediction. Cependant le prophete eüt bien
prophetise.
Nous ne demanderions pas mieux ici que de nous occuper seulement
de nos arts anciens; mais il est bien difficile d'eviter les paralleles, les
comparaisons, si l'on pretend etre intelligible. La statuaire est un art qui