Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

SCULPTUB 
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l'aime de l'artiste et doit se traduire (Yapres les mouvements de cette 
ame qui s'est habituee a concevoir le beau, la verite. Ce n'est pas nous 
qui disons cela, mais un Grec. Et a ce propos qu'il nous soit permis de 
faire ressortir une de ces contradictions entre tant d'autres, quand il 
est question de Yesthetique. Nos philosophes modernes, nos ecrivains, 
ne sont point artistes; nos artistes ne sont rien moins que philosophes; 
de sorte que ces deux expressions de l'esprit humain, chez nous, l'art et 
la philosophie, s'en vont chacune de leur cote et se trompent recipro- 
quement, ou trompent le public sur l'influence qu'elles ont pu exercer 
l'une sur l'autre. Il est evident que Socrate etait fort sensible a la beaute 
plastique; il avait quelque peu pratique la sculpture. Il vivait dans un 
milieu  que jamais il ne voulut quitter, meme pour echapper a la 
mort, -oi1 la beaute de la forme semblait subjuguer tous les esprits, 
et cependant c'est ainsi qu'il s'exprime quelque part 1 : (r La philosophie, 
u recevant l'aine lice vieritablcment et, pour ainsi dire, collee au corps, 
a est forcee de considerer les choses non par elle-meme, mais par l'in- 
a termediaire des organes comme ätravers les murs d'un cachot et 
a clans une obscurite absolue, reconnaissant que toute la force du 
a cachot vient des passions qui font que le prisonnier aide lui-meme 
a a serrer sa chaine; la philosophie, dis-je, recevant l'aime en cet etat, 
a Fexhorte doucement et travaille a la delivrer. Et pour cela elle lui 
a montre que 1e temoignage des yeux du corps est plein (Yillusions 
 comme celui des oreilles, comme celui des autres sens; elle l'engage 
a a se separer d'eux, autant qu'il est en elle; elle lui conseille de se 
u recueillir et de se concentrer en elle-meme, de ne croire qu'a elle- 
a memc, apres avoir examine au dedans d'elle et avec l'essence meme 
a de sa pensee ce que chaque chose est en son essence, et de tenir pour 
a faux tout ce qu'elle apprend par un autre qu'elle-meule, tout ce qui 
a varie selon la difference des intermediaires : elle lui enseigne que ce 
a qu'elle voit ainsi, c'est le sensible et le visible; ce qu'elle voit par elle- 
a meme, c'est l'intelligible et Yimmateriel... l) Et avant Socrate le poetc 
Flpicharme n'avait-il pas dit : 
u C'estl'esp1'it qui voit, caest l'esprit qui entend 
u L'oeil est aveugle, l'oreille est sourde. n 
Donc ces Grecs qu'on nous represcnte (lorsqu'il est question des arts) 
comme absolument devouos au culte de la beaute exterieure, de la 
forme, possedaient au milieu d'eux, des avant Phidias, des poetes, des 
philosophes qui chantaient et professaient quoi? L'illusion des sens, le 
detachement de Filme du corps, de ses appetits et de ses passions, l'as- 
servissement de l'enveloppe matericlle 51 l'esprit. On avouera que SOUS 
ce rapport le christianisme n'a rien invente. Mais si les Atheniens, tout 
Plzädon, trac]. 
de V. Cousin, ddit. 
(Ie1822. Bossauge, tome 1, page M3.
	        
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