[ SCULPTURE ] M2
cette tete toutes les conditions de la beaute et d'une beaute singuliere,
c'est, nous semble-t-il, nier la lumiere en plein jour. Le sens moral im-
prime sur ce visage n'est pas non plus celui que denotent habituellement
les traits des statues grecques. Ce front large et haut, ces yeux tres-ou-
verts", a peine abrites par les arcades sourcilieres, ce nez mince, cette
bouche fine et un peu dedaigneuse, ces longues joues plates, indiquent
l'audace rellechie, une intelligence hardie, emportee a l'occasion. Mais
ce n'est plus la, comme dans les figures du xnc siecle de Ghartres, le
portrait d'un individu; c'est un "type, et un type qui ne manque ni de
noblesse ni de beaute. Nous (lOHIICPlOHS trop d'eteinliie a cet article,
s'il nous fallait presenter un grand nombre de ces figures, toutes sou-
mises evitlemment a un type de beaute admis, mais qui ne se ressem-
blent pas plus que ne se ressemblent entre eux les visages des person-
nages sculptes sur les metopes du Parthenon.
Si nous nous attachons a Fexeeution de cette statuaire, nous trouvons
ce [Üzire large, simple, presque insaisissable des belles muvres grecques;
c'est la meme solariete de moyens, le meme sacrifice des details, la
meme souplesse et la moine fermete a la fois dans la faeon de modeler
les nus. D'ailleurs ces figures sonttaillees dans une pierre dont la durete
egale presque celle du marbre de Paros. (l'est du liais eliquart, le plus
serre etle mieux choisi.
Nous avons (lecrit a l'article PORTE cette statuaire, la plus remarquable
du portail de Notre-Dame de Paris. Ce n'est pas seulement par l'expres-
sion noble des tetes qu'elle se recommande; au point de vue de la com-
position elle ziccuse un art tres-profondement etudie et senti. Le bas-
relief de la mort de la Vierge est une scene admirablement entendue
comme effet (lramatiqiie, comme zigencement de lignes. Celle du couron-
nement de la mere du Christ, dont nous prcsentons ligure 16 un trace
bien insufllsant, fait assez eonnaitre que ces artistes savaient composer, '
zigencer les lignes d'un groupe etrendre une action par les mouvements
et par l'expression du geste; les tetes des deux personnages sont admira-
blement belles par la simplieite des attitudes etla purete de l'expression.
C'est ici le cas de faire une observation. On parle beaucoup, lorsqu'il
est (IHCSÜOH de cette statuaire du xmc siecle, de ce qu'on appelle le sen-
timent religieux, et l'on est assez dispose a croire que ces artistes etaient
des personnages vivant dans les cloitres et tout attaches aux plus etroites
pratiques religieuses. Mais sans pretendre que ces artistes fussent des
croyants tiedcs, il serait assez etrange cependant que ce sentiment reli-
gieux se fut manifeste d'une maniere tout a fait remarquable dans l'art
de la statuaire, preeisement au moment oü les arts ne furent plus guere
pratiques que par des laiques et sur ces cathedrales pour la construction
desquelles les eveques se gardaient bien de s'adresser aux etablisse-
ments religieux. Il ne serait pas moins etrange que l'art de la statuaire,
Pendant ÜÜUt 18 temps qu'il resta confine dans les cloitres, n'ait produit
que des (euvres possedant certaines qualites entre lesquelles ce qu'on