Volltext: [Quai-Synagogue] (T. 8)

[ SCULPTURE ]  136  
Au lieu de s'en tenir presque exclusivement aux reproductions de 
sujets legendaires dans la statuaire, comme cela se faisait dans les eglises 
conventuellcs, elle ouvre YAncien et le Nouveau Testament, se passionne 
pour les encyclopedies, et cherche a rendre saisissables pour la foule 
certaines idees metaphysiques. Il ne semble pas qu'on ait pris garde 
ä ce mouvement d'art du commencement du X111" siecle, l'un des faits 
intellectuels les plus interessants de notre histoire. Qu'il ait ete aide par 
Yepiscopat, ce n'est gucre douteux; mais qu'il emane de l'esprit laique, 
ce l'est encore moins. Aussi qu'arrive-t-il? Les chroniqueurs (Yabbayes, 
empresses, avant cette epoque, de vanter les moindres travaux dus aux 
moines; qui relatent avec un soin minutieux et une exageration naive 
les embellissements de leurs eglises; qui voient du marbre et de l'or la 
ou l'on emploie de la pierre ou du plomb dore, se taisent tout a coup et 
n'ecrivcnt plus un mot touchant les constructions (lorenavant confices 
aux laiques, meme dans les monasteres. lls subisscntle talent de ces 
nouveaux venus dans la pratique des arts; ils acceptent Fmuvre, mais 
quant a la vanter ou a mettre en lumiere son auteur, ils n'ont garde  
Pour les cathedrales, si la chronique parle de leur construction, elle 
montre des populations entieres mues par un souflle religieux amenant 
les pierres et les clevant comme par l'effet d'une grace toute spcciale. 
Or imagine-t-on des laopulations urbaines concevant, tracant, taillant 
et dressant des edifitzes comme la cathetlrale de Chartres, comme celles 
de Paris ou de Reims, et ces memcs citadins prenant le ciseau pour 
sculpter ces myriades de figures? Voit-on ces bourgeois, ouvriers de tous 
ctats, laissant la commerce, industrie, affaires, pendant dix ou quinze ans, 
et vivant d'eau claire, probablement, eux, leurs femmes et leurs enfants, 
soutenus par la passion de la hatisse? Evidemment l'histoire d'Orphee 
a plus de vraisemblance. C'est cependant sur ces graves niaiseries que 
beaucoup jugent ces arts; comme s'il etait du ressort de la foi, si pure 
qu'elle fut, d'enseigner la geometrie, le trait, la pratique de la construc- 
1 En cela, les moines procedaient, ä Fegard des maitres laiques, comme procedent 
invariablement les congregations. Ils organisaient la conspiration du silence contre ceux 
qui etaient en dehors de la eongregatiou. Cela reussit passablement, puisque peu de 
noms de ces maitres des xue et Xlllc siecles sont parvenus jusquii nous. Le piquant, c'est 
qu'une autre congregation, aujourd'hui, nous dit que ces monuments prodigieux ne 
sauraient etre dus a la conception savante et rellechie de maitres, puisque leurs noms 
n'existent pas, mais ne sont que la cousequence d'une sorte d'ell'ort commun, instinctif, 
assez semblable a celui qui produit les madreporcs..." De telle sorte que le silence des 
congregations, qui seules, aux xu" et xiu" sieeles, tenaient la plume du chroniqueur, a 
laisse oublier le nom des artistes en (Ieliors des ordres religieux, et que ces noms etant 
ainsi soigneusement omis, une autre congregation nie la valeur (Fmuvres d'art dues neces- 
sairement il une sorte (Penfantement commun, puisqu'elles n'ont pu conserver 125 110m8 
(le IGÜFS Cfüilteuvs. Et ainsi n'est-il pas merveilleux de voir comment, avec quel esprit 
de suite et sans sietre donne le mot, les congregations, de tout temps, arrivent füffJ-ICIIIOIÜ 
zi ce resultut, savoir : de supprimer ce qui est en dehors de la congregution.
	        
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