[ SCULPTURE ] 132
Faccusation de materialistes il ceux qui cherchent autre chose dans la
statuaire qu'une reproduction de types qui n'ont plus de vie au milieu
de notre societe, et qui croient que la premiere condition d'une (nuvrc
d'art c'est Fidce qui la cree.
Nous allons voir comment Tidee se degage, pendant le moyen fige, des
tentatives faites par les ecoles de statuaires du xnt siecle. Nous avons
essaye de faire sentir comment ces statuaires, instruits par les methodes
byzantines, avaient peu a peu laisse de cote Yhicratisme byzantin et
avaient cherche l'individualisme, dest-a-dire s'etaient mis a copier fide-
lement des types qu'ils avaient sous les yeux. Toutes les ecoles cependant
ne procedaient pas de la memc maniere; pendant que celles du Nord
passaient de Phieratisme au realismc, ou plutot melaient les traditions,
les methodes et le faire du byzantin a une imitation scrupuleuse dans
les nus, les tetes, les pieds, les mains, d'autres ecoles manifestaient
d'autres tendances. La belle ecole de Toulouse penchait vers une exeeu-
tion de plus en plus delicatte, etudiait avec scrupule le geste, les drape-
ries, Yexpression dramatique. L'eeole provenczile, sous l'influence de la
sculpture gallo-romaine, se degageait bien difficilement de ces niodeles
si nombreux sur le sol. Une autre ecole faisait des efforts pour epurer
les methodes byzantines sans chercher la preciosite de Yeeole toulou-
saine, ni pencher vers le realisme des ecoles du Nord.
Cette ecole a laisse des traces d'Angouleme a Cahdrs, et occupe un
demi-cercle dont une branche nait dans la Gharente, se ileveloppant
vers Angouleme, Limoges, Uzerche, Tulle, Brives, Souillac et Gahors.
Sur ce point, elle joint a Moissac Pecole de Toulouse. On sait que des
une epoque fort reculee du moyen age, il y avaitaLimoges des comptoirs
venitiens. ll ne serait donc pas surprenant que les villes que nous venons
de signaler eussent eu des rapports tres-etendus et frequents avec l'0rient.
Aussi la statuaire dans ces eontrees prend un caractere de grandeur et
de noblesse qu'elle n'a point il Toulouse. Il semblerait que l'influence
byzantine füt plus pure, ou du moins qu'ayant commence plus tot, elle
eut donne le temps aux artistes locaux de se developper avant la reaction
de la fin du xne sieele. En effet, a Cahors, sur le tympan de la porte
septentrionale de la cathedrale qui parait appartenir au commencement
du XIIB sieclc, il existe un grand bas-relief d'une beaute de style laissant
assez loin les sculptures de la meme epoque qu'on voit a Toulouse
et dans les provinces de l'Ouest. De ce bas-relief nous donnons le Christ
(fig. 1h) qui en occupe le centre dans une aureole allongee. Cette belle
sculpture contemporaine, ou peu s'en faut, de celle de la porte de
Vezelay, n'en a pas la secheresse ni Paprete. Mieux modelee, plus savante,
sans accuser les tendances au realisme des eeoles du Nord, ni Faffeterie
de celle de Toulouse, elle indique un etat relativement avance sur une
voie tries-large, une recherche du beau dans la forme, qui n'existe nulle
part ailleurs sur le sol francais a la meme epoque.
En effet, la sculpture ne peut etre eonsideree comme un art que du