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des vetements, d'une extreme richesse, sont rendus avec une precision,
une vivacite et un style qu'on ne rencontre plus a cette epoque dans
la sculpture engourclie des Byzantins.
Ces belles ecoles toulousaines du xnc siecle, dont il nous reste de si
remarquables fragments, s'eteignent pendant les cruelles guerres contre
les Albigeois. Cependant, si l'on considere leurs (BÜVFGS a Toulouse, a
Moissac, a Saint-Jlntonin, a Saint-Hilaire 1, a Saint-Bertrand de Com-
minges 2, on peut admettre qu'elles eussent pu rivaliser avecles meilleures
ecoles du Nord pendant le XIIE siecle. Faire sortir un art libre, poursui-
vant le progres par Fetude de la nature, en prenant un art hieratique
comme point de depart, c'est ce que firent avec un incomparable sueces
les Atheniens de Fantiquite. Des sculptures dites eginetiques, c'est-ä-
dire empreintes encore profondement d'un caractere hieratique, aux
sculptures de Phidias, il y a vingt-cinq ou trente ans. Or, nous voyons
en France le meme phenomenese produire. Des statues de Chartres, de
Corbeil, de Chalons-sur-Marne, de Notre-Dame de Paris 3, de Saint-Loup
(Seine-et-ltiarne), a la statuaire du portail occidental de la cathedrale de
Paris, il y a un intervalle de cinquante ans environ, et le pas franchi est
immense. Dans cette statuaire des premieres annees du xme siecle il n'y
a plus rien qui rappelle les donnees byzantines, pas plus qu'on ne retrouve
de traces de la statuaire eginetique, toute empreinte de Fhieratisme de
l'Asie, dans les sculptures du temple de Thesec ou du Parthenon.
Cela, si nous envisageons l'art a un point de vue philosophique, me-
rite une serieuse attention, et tendrait a detruire une opinion generale-
ment repandue, savoir : que l'art ne saurait se developper dans le sens
du progres s'il prend pour point de depart un art son declixi, enferme
dans des formules hieratiques. Les Hellenes cependant se saisirent des
arts deja engourdis de l'Asie et de FEgypte comme on se saisit d'un
langage. En peu de temps, avec ces elements, desquels jusqrfa eux on
ne savait tirer qu'un certain nombre _d'idees formulees de la meme ma-
niere, ils surent tout exprimer.
considere l'art hieratique que comme un moyen quasi elementaire d'en-
seignement, un moyen d'obtenir d'abord une certaine perfection d'exe-
cution, un degre deja franchi, au-dessous duquel il etait inutile de
redescendre. Quand leurs artistes eurent appris le mätzer a l'aide de ces
arts, tres-developpes au point de vue de Pexecution materielle; quand ils
furent assures de Fhabilete de leur main; quand (pour nous servir en-
core de la comparaison de tout a l'heure) ils eurent une parfaite con-
naissance dela grammaire, alors seulement ils chercherent a manifester
1 Un magnifique sarcophage de marbre du xuc sibcle.
2 Le cloitre.
Nous parlons ici du tympan de la porte Sainte-Aune
Occidentale), lequel date de M110 environ.
(porte de droite de la fagadc