[ SCULPTURE ] 12h
a race germanique, se montra de bonne heure chez ce peuple. Avant
u leur etablissement a l'ouest du Jura, presque tous les Burgondes
a etaient gens de metiers, ouvriers en charpente ou en menuiserie. Ils
a gagnaient leur vie a ce travail dans les intervalles de la paix, et etaient
a ainsi etrangers ä ce double orgueil du guerrier et du proprletaire civil,
u qui nourrissait l'insolence des autres conquerants barbares n
C'est en effet dans les provinces de la Gaule romaine ou setablirent
les Burgondes et les Wisigoths que nous pouvons signaler un sentiment
d'art etranger aux traditions gallo-romaines. C'est dans ces provinces
de l'Est conquises par les Burgondes, et dans l'Aquitaine, occupee par les
Wisigoths, que les ecoles de sculpture se developpent plus particuliere-
ment avant le x11e siecle, tandis que les provinces envahies par les Francs
demeurent attachees aux traditions gallo-romaines jusqu'au moment
des premieres croisades. Les Normands ne laisseront pas d'apporter avec
eux quelques ferments d'art, mais cela se bornait a ces ornements qu'on
retrouve chez les peuples scandinaves, et ne concernait point la statuaire,
qui semble leur avoir ete tout a fait etrangere. Si les monuments nor-
mands les plus anciens, dest-a-dire du x16 siecle, conservent quelques
traces de sculptures, celles-ci se bornent a des entrelacs grossiers, a des
imbrications et des intailles; mais la figure n'y apparait qu'a l'etat mons-
trueux; encore est-elle rare. .
Les invasions scandinaves qui eurent lieu des le v? siecle sur les cotes
de l'0uest avaient-elles aussi depose quelques germes de cette ornemen-
tation d'entrelacs et de monstres tordus qu'on rencontre encore au
x18 siecle sur les monuments du bas Poitou et de la Saintonge? C'est
ce que nous ne saurions decidcr. Quoi qu'il en soit, cette ornementa-
tion ne conserve plus le caractere gallo-romain abatardi qu'on trouve
encore entier dans le Perigord, le Limousin et une bonne partie de
YAuVergne pendant le x18 siecle, et qui ne cessa de se reproduire en
Provence jusqu'au XIIIB.
Nous avons montre par un exemple (fig. 2) ce qu'etait devenue la
statuaire au x18 siecle dans les villes d'Aquitaine ayant conserve des
ecoles d'art. Elle n'etait plus qu'un pastiche grossier des ivoires byzantins
repandus par les negociants en Occident. Cependant cette province,
comme celles du Nord et de FEst, fait au commencement du X112 siecle
un effort pour abandonner les types hieratiques; elle aussi cherche le
dramatique, l'expression vraie du geste, et elle ne dedaigne pas Fetude
de la nature. Le musee de Toulouse et Yeglise Saint-Sernin nous
offrent de tres-beaux specimens de ce passage de l'imitation plate des
types rapportes de Byzance a un art tres-developpe, bien qu'empreint
encore des donnees grecques byzantines.
1 Voyez Aug. Thierry, Lettres sur l'histoire de R-ance, VIE. a Quippe 01111165 fere
{r sunt fabri lignarii, et ex hac arte mercedem capientes, semetipsos alunt. n (Socrafzk
Hzb-t. EccL, lib. VII, cap. xxx, apud Script. rer. Gallic. et Fr-ancu, t. I, p. 6M.)