SCULPTURE
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sont fendus de meme, les paupieres couvrent en partie le globe; le nez
est large ä la. base et la machoire developpee. Les personnages de Gorbeil
ont tous deux les yeux bien ouverts, les arcades sourcilieres semblables,
la bouche identique, la mächoire fine, le nez delicat 1.
Entrons dans une autre province; en Poitou, vers la meme äpoque,
dest-a-dire de 1120 a MM, la statuaire abonde- sur les monuments.
Cette statuaire est fortement empreinte du style byzantin, mais cepen-
dant liindividualisme, Petude de la nature se fait sentir.
Voici (fig. 10) la tete d'une femme faisant partie d'un relief represen-
tant la naissance du Sauveur, sur la facade de Notre-Dame la Grande,
a Poiticrs. Qui ne rcconnaitrait la un. de ces types si frequents dans
le Poitou? L'angle externe de l'oeil est abaisse; le nez est fort, droit,
formant avec le front une ligne continue; le front est bien fait, mais bas;
la partie superieure du crane plate, la bouche pres du nez et les levres
charnues, la Inachoire ronde et developpee, les joues grandes, les che-
veux lisses. Mais nous devons limiter cet examen de l'observation des
types humains a quelques exemples et reprendre l'historique des diverses
ecoles de sculpture du sol francais.
Les influences byzantines n'ont pas ete les seules qui aient permis
a l'art de la sculpture de se relever de Fetat de barbarie absolue ou il
etait tombe.
Il est certain que des elements d'art, tres-peu developpes il est vrai,
avaient etc introduits par les envahisseurs des v9 et vIe siecles. Les
Burgondes, entre tous ces barbares venus du nord-est, semblent avoir
apporte avec eux quelques-uns de ces elements tout a fait etrangers aux
arts de 1a Rome antique et rneme de Byzanee.
Il existe dans les cryptes de l'ancienne rotonde de Saint-Benigne, a
1 Les deux statues de Notre-Dame de Corbeil etaient peimes. On voit encore sur la täte
de la femme la coloration des sourcils et des prunelles. Mais nous devons revenir sur
cette question de la peinture de la statuaire.