l SClLLPTCltE j 108
tiale de Vezelay, ou meme devant celui de la grande porte de la cathedrale
iPAutun, qui lui est quelque peu posterieur, nous reconnaitrons dans
ces deux pages, etparticulierement dans la premiere, une influence byzan-
tine prononcee, incontestable, et cependant cette statuaire ne rappelle
pas les diptyques byzantins, ni par la composition, ni par le faire, mais
bien les peintures.
Autant la statuaire byzantine ancienne prend un caractere hiera-
tique, autant elle est bornee dans les moyens, conventionnelle, autant
la peinture se fait remarquer par une tendance dramatique, par la com-
position, par l'exactitude et la vivaeite du gestek Ces memes qualites
se retrouvent a un haut degre dans les bas-reliefs que nous venons de
signaler. De plus, dans ces bas-reliefs, les draperies sont traitees comme
dans les peintures grecques, et non comme elles le sont sur les monu-
ments byzantins sculptes. La composition des bas-reliefs de V ezelay, par
la manicre dont les personnages sont groupes, rappelle egalernent les
compositions des peintures grecques; on y remarque plusieurs plans, des
agencements de lignes, un mouvement dramatique n'es-prononce. Mais
par cela meme que les clunisiens transposaient d'un art dans l'autre,
tout en laissant voir la source d'on sortait la statuaire, ils etaient obliges
de recourir, pour une foule de details, a l'imitation des objets qui les
entouraient. Aussi l'architecture, les meubles, les instruments, sont
francais; les habits memes, sauf ceux de certains personnages sacres, qui
sont evidemment copies sur les peintures grecques, sont les habits portes
en Occident, mais ils sont byzantinises (qu'on nous pardonne le barba-
risme) par la manierc dont ils sont rendus dans les details. Quant aux
tetes, et cela est cligne de Iixer l'attention des arclieologues et des ar-
tistes, elles ne rappellent nullement les types admis par les peintres grecs.
Les sculpteurs occidentaux ont copie, aussi bien qu'ils ont pu le faire,
les types qu'ils voyaient, et cela souvent avec une delicatesse d'observa-
tion et une ampleur tres-remarquables.
Nous avons souvent entendu discuter ce point, de savoir si ces bas-
reliefs de Vezelay, d'Autun, de Moissac, de Gharlieu, etc., etaient sculptes
par des artistes envoyes d'0rient, ou s'ils etaient dus a des sculpteurs
occidentaux travaillant sous une influence byzantine. Longtemps nous
avons hesite devant ce probleme; mais, apres avoir examine beaucoup
de ces sculptures francaises, des sculptures et des peintures grecques,
surtout des vignettes de manuscrits; apres avoir reuni des dessins et des
photographies en grand nombre pour etablir des comparaisons imme-
diates, notre hesitation a du cesser. D'ailleurs, si des artistes grecs avaient
ete appeles en France pour exeeuter ces sculptures, ils auraient trahi
1 Ü ne film P118 prendre ici la peinture grecque telle, par exemple, que les moines du
mont Athos l'ont faite depuis le xm" sibcle ct la font encore aujourd'hui. C'est lit un art
tout de YOCOÜOS, fige; les peintures des manuscrits des vme, 1x2 et x2 sibclcs ont un carac-
tbrc plus libre ct une tout autre valeur. Nous en dirons autant des peintures grecques
recueillies par M. Paul Durand.