SCULPTURE
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cite devint-elle, des le commencement du X1110 siecle, le centre d'une eeole
puissante et dont l'influence s'e'tendit sur un vaste territoire.
Dans une autre region de la France, l'ordre de Cluny, institue au com-
mencement du xe sieelc, avait pris, au milieu du Xlc, un dcveloppement
prodigieux 1.
A cette cpoque, les clunisiens etaient en rapport avec PESpagne,
Fltalie, l'Allemagne, FAngIeterre, la Hongrie ; non-seulement ils posse-
daient des maisons dans ces contrees, mais encore ils entretenaient des
relations avec l'0rient. C'est au sein de ces etablissements clunisiens que
nous pouvons constater un veritable mouvement d'art vers la seconde
moitie du X1" siecle. Jusqu'alors, sur le sol des Gaules, et depuis la chute
de l'empire, la sculpture n'est plus; mais tout a coup elle se montre
comme un art deja complet, laossedant ses principes, ses moyens d'exe-
eution, son style. Un art ne pousse pas cependant comme des cha1n-
pignons; il est toujours le resultat d'un travail plus ou moins long, et
possede une genealogie. C'est cette genealogie qu'il convient d'abord
de rechercher.
En 11098, une armee de chrctiens commandee par Godefroi, le comte
Baudouin, Bohemond, Tancrede, Raymond de Saint-Gilles et beaucoup
1268, cette ville resta au pouvoir des Occidentaux. Autioehe fut comme
le cceur des croisades; prelude de cette periode de conquetes et de
revers, elle en fut aussi le dernier boulevard. Uetait dans ces villes de
Syrie, bien plus que dans la cite imperiale de (lonstantinople, que les
arts grecs s'etaient refugies. Au moment de Parriv-"ee des croises, Antioche
etait encore une ville opulente, industrieuse, et possedzmt des restes
nombreux de Fepoque de sa splendeur. Toute entourec de ces villes
grecques abandonnees depuis les invasions de l'islam, mais restees
debout, villes dans lesquelles on trouve encore aujourd'hui tous les ele-
ments de notre architecture romane, Antioche devint une base d'optim-
tiens pour les Occidentaux, mais aussi un centre commercial, le point
"Wincipal de reunion des religieux envoyes parles etablissements monas-
tiques de la France, lorsque les chretieus se furent empares de la Syrie.
D'ailleurs, avec les premiers croises, etaient partis de YOccident, a la voix
de Pierre. l'Ermite, non-seulement des hommes de guerre, mais des
gens de toutes sortes, ouvriers, marchands, aventuriers, qui bientot,
avec cette facilite qu'ont les Franeais principalement d'imiter les choses
nouvelles qui attirent leur attention, se iaconnerent aux arts et metiers
juratiqties dans ces riches cites de l'0rient. C'est en effet a dater des
premieres annees du X110 siecle que nous voyons l'art de la sculpture se
transformer sur le sol de la France, mais avec des varietes qu'il faut
signaler. Les monuments grecs des v1" et vn" siecles qui Fülllpllääflllt les
villes de Syric, et notamment l'ancienne Cilicie, possedent une ornemen-
Voyez ARCHITECTURE MONASIIQUQ,