SCULPTURE
102
ner les secrets, nous permettent de supposer les efforts qui l'avaient pre-
cedee. En effet, les premieres infusions aryanes en Asie, en Egypte, au
contact des races aborigenes, s'etaient trouvees dans ces conditions
favorables au developpement des arts, et ceux-ci avaient atteint rapide-
ment une superiorite extraordinaire; mais Felement semitique domi-
nant de plus en plus, ces arts s'etaient arretes dans leur marche, comme
se üxent certains liquides par l'apport d'un agent chimique a une cer-
taine dose.
Ceci peut passer pour une hypothese; mais ce qui n'en est pas une,
c'est le mouvement que les Grecs savent imprimer aux arts chez eux.
Ils prennent les formes hieratiques de l'Asie Mineure; peu a peu nous
voyons qu'ils les naturalisent : ils procedent pour les arts comme pour la
mythologie. Des grands mythes asiatiques, ils font des heros, des per-
sonnalites; l'homme, l'individu se substitue a la caste; l'esprit moderne,
en un mot, se fait jour. La divinite ou ses emanalions se personnifient,
non plus par une sorte de superposition d'attributs, comme chez les
Asiatiques, mais par des qualites ou des passions humaines. En memc
temps, la philosophie se degage du cerveau humain, jusqu'alors euserre
dans le dogmatisme. Car, observons bien ceci, l'art, mais l'art affranchi
de Phieratisme, l'art a la recherche de Fideal, du larincipe vrai, marche
toujours cote a cote de la philosophie. Lorsque celle-ci s'elance hardi-
ment a la recherche des problemes humains, l'art se developpe avec
energie et ses produits sont merveilleux; lorsque la philosophie, hale-
tante, ballottee au milieu de systemes opposes, se jette, comme pour se
fixer sur quelques points, dans la scolastique, l'art, a son tour, se for-
mule, et arrive par une autre pente a cet hieratisme dont il avait si bien
su s'affranchir. L'art grec, libre, progressif, le regard fixe sur un ideal
sublime qu'il recherche sans repos, sous Pericles vit a cote de Platon.
L'art grec, parallele a l'ecole d'Alexandrie, retombe dans une sorte de
formulaire hebetant, sans issues. Avec le christianisme, nous le voyons
abandonner entierement la statuaire, comme s'il s'avouait qu'il en avait
abuse et que ses recherches ne l'avaient conduit qu'au realisme le plus
vulgaire.
On peut donc constater l'influence de ces lois generales. Avec la theo-
cratie, Fhieratisme dans l'art, et dans l'art de la statuaire surtout. Avec
les developpements des idees metaphysiques, Petude de la philosophie,
la recherche d'un ideal dans l'art, en prenant pour base l'examen attentif
de la nature, 1e progres par consequent, mais aussi les erreurs et les
chutes.
Devra-t-on conclure des observations precedentes relatives au contact
des races diverses que, pour obtenir un Phidias, il convient de mettre
en rapports intellectuels quelques Aryans et un Semite, sous une cer-
taine latitude? que les arts se forment comme les compositions chi-
miques, d'apres une formule et un peu de chaleur ou un courant elec-
trique? Non. Mais dans Fetude historique des arts, comme dans celle de