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SCULPTURE j
ration larocede, nous ne serons guere avances. En ajoutant que telle
statue est remplie d'un sentiment religieux, si vous ne nous expliquez pas
COmment un sentiment religieux se traduit sur la pierre ou le marbre,
votre observation ne nous importe guere, d'autant que beaucoup de
gens tres-rciligieux font des statues qui pretent a rire, et que des artistes
passablement sceptiques en sculptent qui vous font tombera genoux.
Perugin, ce peintre par excellence de sujets religieux, et qui parfois est
Si touchant, a avait peu de religion et ne voulait pas croire a l'immorta-
Ütä de l'aime n. C'est du moins ce qu'en dit Vasari. On voudra donc ne
D118 chercher dans cet article sur la sculpture l'attirail de phrases stereo-
tYPäcs a l'usage de la plupart des critiques en matiere d'art, dont nous
UOUS garderons de medire, mais qui, en ne nous faisant part que de
leurs impressions, peuvent nous interesser, mais ne sauraient nous faire
avancer d'un pas dans la connaissance des phenomeiaes psychologiques
Plus ou moins favorables au developpcment de l'art.
Il s'agit de chercher comment l'art le plus eleve peut-etre, celui de la
Statuaire, irait ou renait au sein d'un milieu social, ou il va puiser ses
Üläments, s'il n'est qu'un ressouvenir, comme dit Socrate, ou s'il est un
developpement spontane, comment il se developpe et progresse, et com-
ment il deeline.
Nous avons parle de Fhieratisnie et du progres, de la recherche de
Yideal. Plus nous remontons le courant des arts de l'antique Egypte,
Plus nous trouvons les arts, et la statuaire notamment, voisins de la per-
fection. Les dernieres decouvertes faites par Yinfatigahle M. Mariette ont
mis en lumiere des statues de Yepoque des pasteurs qui, non-seulement
Üäpassent comme exectition les figures anciennes de Thehes, mais pos-
Sedent un caractere individuel tries-prononce. L'art, des ces temps recu-
1138, etait arrive a une grande elevation. Ce ne pouvait etre par Fhiera-
ÜSme, mais au contraire par un effort humain, une suite d'etudes et de
PYOgres. Uhieratisme ne s'e'tait donc etabli qu'au moment ou l'art avait
atteint deja une grande perfection. Nous voyons le meme phenomene
S0 produire chez les populations de l'Asie. L'art s'eleve (nous ne savons
P3P quelle suite d'efforts) jusqu'a un point superieur, et, arrive la, on
pretend (lesormais le fixer. Ce sont ces arts fixes que rencontrent les
Grecs lorsqu'ils occupent Fliellade; ils les prennent a cette cpoque de
fixite, mais les font, pour ainsi dire, sortir de leur chrysalide pour les
pousser avec une ardeur et une rapidite inouies vers un ideal qui prend
pour point d'appui Yetude attentive et passionner: de la nature. Suppo-
sons un instant que ces quelques tribus d'Aryans ne fussent point venues
s'etablii' sur le sol de la Maccdoine, de l'Att,ique et du Peloponese; les
arts des peuplades de l'Asie Mineure et de Flägylate, enfermäg dans 1em-
hieratisme, säaffaissant chaque Jour sous le poids de cet hieratisme
meme, sabimaient dans une negation. Le sphinx et le cherubin restaient
pour les generations futures le veritable symbole de ces arts, dest-a-dire
une enigme. Les Grecs, en secouant cette immobilite, nous en font devi-