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et a ete grave plusieurs fois. Gaignieres, dans sa collection 1, en a donne
un bon dessin. Gomme corollaire de ces tombeaux cenotaphes, il faut
citer les monuments appliques contre les murs, et qui presentent sur
une surface verticale comme le developpement de toutes les parties qui
constituent le mausolee, avec soubassement, image du mort et dais.
Ces sortes de monuments sont assez rares en France ; le defaut d'espace
et aussi le defaut d'argent faisaient parfois adopter ce parti. Nous en
connaissons deux beaux exemples dans l'ancienne cathedrale de la cite
de Carcassonne. L'un date du milieu du X1112 siecle, c'est celui de
Peveque Radulphe. Le simulacre du sarcophage, qui persiste tard dans
les provinces meridionales de la France, est pose sur trois colonncttes
et parait engage dans la muraille. Des chanoines, sous une areature,
assistent aux ohseques. Sur le sarcophage se dresse debout, en bas-relief,
1a ligure de Feveque benissant. Un gable orne de fleurons et de crochets
couronne le tout. L'autre tombeau (fig. 26) date du commencement du
x1ve siecle: c'est celui de Yeveque Pierre de Roquefort, qui lit rebätir
le choeur de Veglise et deux chapelles voisines du transseptkl. Ce monu-
ment, ainsi que le montre notre trace, presente en rabattement, dirons-
nous, la disposition des "tombeaux cenotaphes; lü-iveque n'est pas couche
sur le socle, qui n'est qu'un placage, mais se dresse sur ce socle; il est
couronne par un dais plaque; un chanoine et un diacre accompagnent
la figure principale dans deux arcatures laterales. Ainsi que nous le
disions, cette disposition est rare en France, et nous n'en connaissons
pas d'exemple, encore existant, dans les provinces du Nord.
Il nous reste a parler des plates-tombes, avec efllgies en relief ou sim-
plement gravees sur la pierrre ou sur le metal. Ces tombes sont de deux
sortes : ou les elligies des morts sont posees sur un socle tres-bas, presen-
tant une faible saillie ail-dessus du sol, ou elles sont au ras meme du
u genoux au-dessus du tombeau, est representee apres le naturel, laquelle est de foute;
u le haut du dit tombeau couvert de cuivre dore, et au devant de l'effigie il y a un ora-
a toire, ou appuy, couvert de cuivre dore, sur lequel est posee une couronne avec un
a livre ouvert, aussi de cuivre dore. Pareillemeut y a aux quatre coins quatre anges de
a fonte bien dorez et eslabourez, lesquels tiennent les armoiries des royaumes (le Naples
a et Sicile, aussi de fonte, dorees et peintes. Aux eostes du. tombeau y a des niches
a rondes, et au dedans, des bassins de cuivre bien dure, et en iceux bassins de basses
u figures de fonte bien dorees. n
D. Millet, dans son Träsor sacre de l'abbaye royale de Saint-Denys en France, 16110,
dit: u Sou sepulchre (du roi Charles VIII) est le plus beau qui soit dans le choeur, sur
(r lequel on voit son effigie representee a genoüil pres lc naturel, une couronne et un
u livre sur un oratoire (prie-Dieu), et quatre anges a genoux aux quatre coings du toni-
G beau, le tout de cuivre dore, sauf l'effigie dont la robe est d'azur, semee de fleurs de
u lys d'or. n
1 De la Biblioth. Bodleienne. Voyez la gravure de l'ouvrage de F elibien, Abbaye royale
de Samt-Den 13'.
2 Voyez CATHEDRALE, fig. 119. Le tombeau de Pierre de Roquefort est place contre
le mur occidental de la chapelle du nord. Ce prelat est mort en 1321.