YOUTE
leurs du xvIe siecle etaient des geuies, si nous les comparons a ceux
du xvnc siecle, car il n'est pas de structure plus grossiere et plus mal
tracee on France, a moins de remonter aux plus mauvaises epoques
de fecolc romane, que celle de ce xvue siecle, qu'on s'efforce d'imiter
aujourd'hui.
Les voütes francaises et anglaises, parties toutes deux du meme point
au X118 sieele, etaient arrivees au XVIe, dans l'un et l'autre pays, a des
resultats tres-differents et qui donnent la mesure exacte des aptitudes
des deux peuples. D'apres ce que nous avons vu precrädeminent, on
observera qu'en se perfectionnant conformement a la methode admise
des le X1110 siecle, les voutes anglaises, maigre leur apparence compliquee,
arrivent de fait, au contraire, a l'emploi d'un proccde tries-simple, en ce
qu'une courbe peut suffire a tous les arcs d'une route, ou que (si ces
arcs doivent atteindre a la clef un morne niveau) les courbes diffc-
rcntes dans une partie seulement de leur developpement sont tracees
par un procede tres-simple; que tous ces ares restent independants,
et ne sont relies que par des entretoises d'un seul morceau qui n'ont
qu'un role secondaire et ne peuvent en rien influer sur la courbe prin-
cipale admise pour les arcs; que les remplissages ne sont plus que des
panneaux, aussi faciles a tracer qu'a poser. Dans les ventes francaises,
nous voyons que les constructeurs en viennent a multiplier les arcs; ils
les croisent, de telle facon que la courbure de ces arcs doit etre dis-
tincte pour chacun d'eux; que ces courbures sont commandees par des
niveaux donnes par le trace prealalale sur plan horizontal ; que ces arcs
sont dependants les uns des autres, et que, par consequent, ces con-
slructeurs ne sont plus les maitres, ainsi, de donnera ces courbes les
flechcs necessziires en raison de leur fonction, de leur resistance ou de
leur action de poussee et de butee; qu'en un mot, ces constructeurs
fraueais du xvr siecle abandonnent un systemejudicieux et parfaitement
entendu (celui du X1112 siecle), pour se lancer dans des combinaisons
indiquees seulement par la fantaisie. Le reseau de la voüte anglaise de
la fin du xve siecle est solide, methodique : c'est la consequencc d'une
longue experience fidele au principe pose. Le reseau de la voüte francaisc
au XVle sieclc n'est pas solide, parce que les arcs qui s'entrecroisent par
suite d'un caprice de l'artiste, sans l'intervention d'une neeessite et de
la raison, outdes actions differentes, les unes molles et faibles, les autres
actives et puissantes. Au lieu de rendre la voüte francaise en arc (Yogive
plus solide qu'elle ne fetait, par l'adjonction de tous ces arcs secon-
daires, les architectes fraucais falterent, lui cnlevent ses qualites rfelas-
ticitc, de force et de liberte. Aussi ces voütes du XVIE siecle sont-elles, la
plupart, proches de leur ruine, lorsqu'elles ne sont pas deja tombees.
Alors, au XVle siecle, nos architectes cherchent, a l'aide d'un savoir
mediocre d'ailleurs, a faire des tours de force, et notre Philibert de
l'0rme lui-meme, maigre son rare merite, n'est pas exempt de ce tr;1_
vers. Le pedantisme s'introduit dans l'art, et le vrai savoir, le savoir pra-