531
VOUTE
l'apparence compliquee de ces figures, ont adopte au contraire un pro-
rcde simplilicateur, soit pour le trace de ces voütes, soit pour leur struc-
ture. Il est interessant d'observer comment nos voisins, deja, etaient
Iienetres de cet esprit pratique qui tend a faire converger les efforts com-
muns vers un but, en laissant peu de part a l'initiative individuelle. Il
est evident que, pour faire une vente francaise a la meme epoque, c'est-
il-dire pendant la premiere moitie du XIVe siecle, il fallait de la part de
chaque ouvrier plus d'intelligence et d'initiative qu'il n'en etait besoin
pour construire une voüte comme celle que nous venons (Yanalvser,
L'epure faite suivant cette derniere methode, la besogne de l'ouvrier se
bornait 51 un travail quasi mecanique. Il n'en etait pas ainsi de nos voütes,
qui demandaient pendant la pose des combinaisons que le maitre devait
prescrire pas a pas, mais qu'il ne pouvait geometriquement tracer, que
le macon ne pouvait mettre a execution que par suite d'un effort de son
intelligence. Nous croyons qu'il y a plus d'art dans nos ventes, d'appa-
rence si simple, qu'on n'en saurait trouver dans ce systeme purement
geometrique, tres-simple comme procede pratique , mais d'apparence si
compliquee.
Les genies des deux peuples se montrent ainsi de part et d'autre avec
leurs qualites et leurs defauts. On n'est point surpris toutefois que les
hommes qui dejii possedaient un esprit collectif et sirnplificateur aussi
manifeste fussent egalement penctres de ce sentiment de discipline et
d'ordre qui nous fut si funeste aux journees de (lrecy et de P0iüerS_
Tout se tient dans l'histoire d'un peuple, quand on yveut regarder
de pres, et c'est ce qui fait de Fetude de, l'architecture de ces tjemps
si completenlent empreinte du genie des peuples qui la pratiquaieni
en France et en Angleterre, un sujet inepuisable d'observations inte-
ressantes.
On a vu dans la figure 35 comment les constructeurs anglais, ayanL
adopte une seule courbe composee pour tous les arcs d'une voüte, appli-
quaient meme parfois cette courbe au formeret, et par suite a 1111-0111-
volte de la fenetre ouverte sous ce formeret. C'est le proeede simpliü-
cateur de construction des voütes, qui n'exigeait qu'une seule epure pour
tous les arcs, qui explique POÜFQUOi beaucoup de ces archivoltes des:
fenetres appartenant a des edilices voütes au xlve siecle sont obtenues au
moyen de courbes composees. Il y a, dans cette forme observee par tous
ceux qui ont visite l'Angleterre, non pas uncaprice, une question de
goüt, mais l'application rigoureuse d'un systeme suivi, comme nous
venons de le demontrer, avec un esprit methodique rigoureux dans ses
dcductions. Une fois la courbe admise par une necessite de construction,
On s'y habitua et l'on s'en servit dans des circonstances non commandees
par le systeme de structure.
Cependant les constructeurs anglais ne s'en tinrent pas a la vente que
nous venons de donner (fig. 35 et 36); ils pretendirent, vers la meme
epoque, dest-a-dire au commencement du XIVe siecle, avoir, avec des