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VOUTE
que les etudes sur notre architecture francaise du moyen age ont pour
resultat (le faire adopter des formes surannees. En tout ceci il ne s'agit
pas de formes , il s'agit d'une methocle; c'est ce que n'admettront jamais,
il est vrai, les architectes pour qui toute methode est consideree comme
une entrave au developjiement de l'imagination, ou, pour parler plus
vrai, a la satisfaction de leurs dispendieuses fantaisies.
Dans les grands edilices, les voütes etablies comme le sont les voütes
hautes de la cathedrale de Sens presentent en somme l'apparence de
coupoles cotelees. Les constructeurs n'osent pas encore placer les clefs
de ces grandes voütes clefs d'arcs ogives, clefs d'ares-doubleaux et de
formerets sur le meme niveau. A la cathedrale de Paris cependant,
les voütes hautes du ehceur, terminees avant 1190, sont beaucoup moins
bombees que celles de Saint-Etienne de Sens. Il est clair que plus les
voütes sont bornbees, plus il estnecessaire däälever les murs lateraux au-
dessus des formerets pour porter les entraits de la charpente, lesquels
doivent passer francs au-dessus de l'extrados de ces voütes. Il resulte de
cette disposition un emploi inutile de materiaux, une ordonnance lourde
qu'il faut occuper par une claire-voie, si l'on pretend Falleger ; mais alors
aussi une depense considerable pour un objet secondaire. En remontant
les clefs de tous les arcs au meme niveau, il n'y avait plus a poser au-
dessus des formerets que la corniche et le bahut propre a recevoir la char-
pente du comble. C'est donc vers ce resultat pratique que tendent les
efforts des constructeurs a partir du commencement du XIIIe siecle. Le
nouveau systeme se pretait d'ailleurs parfaitement au nivellement des
clefs, puisque les vioütains de remplissage reportent toutes les charges
sur les arcs ogives et doubleaux, nullement sur les formerets, dont, a la
rigueur, on peut se passer 1. Dans la nef de la eathedrale d'Amiens deja,
les clefs des formerets, des arcs-doubleaux et arcs ogives sont a tres-peu
pres au meme niveau. Il en est de meme a la sainte Chapelle du Palais,
a Paris, et dans beaucoup d'autres edilices laatis de 1'230 a 12110. Les voü-
tains conservent une courbure en tous sens, ils sont concaves, de sorte
que leurs rangs de clefs sont courbes. 1
A l'article CONSTRUCTION, ce mode de structure est suffisamment de-
mine pour que nous n'ayons pas a nous etendre ici sur cet objet. Nous
constaterons cependant que, malgre la courbure donnee aux surfaces
triangulaires des voütains de remplissage, s'ils etaient d'une tres-grande
dimension, a mesure qu'on nivelait les clefs des arcs, on (araignait le
relachement de ces larges surfaces courbes, et l'on cherchait a les ren-
forcer entre les arcs-doubleaux et les arcs ogives par des arcs auxquels
on donna jusqu'au xvie siccle le nom de tiercerets ou tiercerens. Ces arcs
supplementaires venaient aboutir a la lierne posee de la clef de l'arc-dou-
l Il existe en effet un assez grand nouxhre de voütcs des xm" ut XlVc sibclos sans for-
muretvs, Les voütus du la ualhüdrale de Clcrmont (Puy-de-Düxnc), par exemple, un 50m
nid-pourvues.