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VOUTE
taient donc, pour voüter de grands espaces, des salles, des nefs, 1a voüw
d'amie et la coupole sur pendentifs, parfaitement connue alors en Occi-
dent, puisque, depuis plus d'un siecle, des coupoles sur pendenti 11,-
avaient etc construites dans l'ouest et le centre de la France La voüto
d'arete romaine, formee par la penetration de deux demi-cylindres, don_
nait, comme courbe de penetration, une courbe plate qui inquietait,
avec raison, des constructeurs ne possedant plus les excellents mortiers
de l'empire? La coupole sur pendentifs demandait beaucoup de hauteur
et exigeait un cintrage de charpente complique et tres-dispendieux.
Ces maitres du xue siecle chercherent donc, comme nous l'avons deja
dit, un moyen terme entre ces deux structures; ils rehausserent la voütc
d'arme a la clef, ainsi, du reste, que l'avaient fait les Byzantins(voy. tig. 10),
Mais et c'est alors qu'apparait la veritable innovation dans l'art du
constructeur ils tirent sortir de la voüte d'arete romaine ou byzantine
le nerf noye dans son epaisseur, le construisirent en materiaux appa-
reilles, resistants, et le poserent sur le cintre de charpente; puis, au lieu
de maconner la voüte autour, ils la maconnerent par-dessus, considerant
alors cet arc laisse saillant, en sous-oeuvre, comme un cintre permanent.
Dans le porche de Yeglise abbatiale de Vezelay on voit deja deux voütes
ainsi construites (1130 environ); mais c'est dans Yeglisc abbatiale de
Saint-Denis (11110) que le systeme est completement developpe. La les
voütes sont plutot des coupoles que des voütes d'arete, mais elles sont
toutes, sans exception, nervees parallelement et diagonalement par des
arcs de pierre saillants, et ces arcs sont tous en tiers-point, dest-a-dire
formes d'arcs de cercle brises a la clef. Les deductions logiques de ce
systeme ne se font pas attendre. Dans la voute romaine, formee de cel-
lules, comme nous l'avons vu figure l et suivantes, le remplissage de
ces cellules est maintenu, mais est inerte, n'affecte aucune courbure qui
puisse en reporter le poids sur les parois des cellules. Puisque les con-
structeurs du X118 siecle detachaient les nerfs de la voüte, qu'ils en fai-
saient comme un cintrage permanent, il etait naturel de voüter les rem-
plissages sur ces nerfs, dest-a-dire de leur donner en tous sens une cour-
bure qui reportat reellement leur pesanteur sur les arcs. Ainsi la voüte
etait un compose de plusieurs voütes, d'autant de voütains qu'il y avait
d'espaces laisses vides entre les arcs. Du systerne concret romain,
malgre les differents membres qui constituaient la voüte romaine, les
maitres du xne siecle, en separant ces membres, en leur donnant a chacun
leur fonction reelle, arrivaient au systeme clastique. Bien mieux, ils
inauguraient un mode de structure par lequel on evitait toutes les diffi-
cultes dont nous avons indique plus haut quelques-unes, et qui leur
donnait la liberte de voüter, sans embarras, sans depenses extraordi-
naires, tous les espaces, si irreguliers qu'ils fussent, en prenant les hau-
1 Voyez Couvoua.
2 Voyez CONSTRUCTION.