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voütes d'arete, suivant le mode byzantin 1, entre les arcs-doubleaux
inferieurs F des collateraux. La substitution desvoutes aux dallages en-
trainait forcement Yecartement des piles P. Les archivoltes G etaient
conservees, mais avec un diametre egal a celui des arcs-doubleaux F,
et d'autres archivoltes I ou une claire-voie portaient le berceau central.
Mais les archivoltes G destinees a recevoir les voütes des collateraux
savancaient au ras interieur des piles P, et alors, pour porter les arcs-
doubleaux superieurs C, il fallait ajouter a ces piles un appendice L sous
la forme d'une colonne engagee. D'une construction dans laquelle l'arc
et la plate-bande etaient simultanement employes avec un sentiment
exquis du vrai, les architectes occidentaux arrivaient a faire, sans trop
d'efforts, un monument entierement voüte. Cependant cette modifica-
tion, en apparence si simple, suscitait des difficultes de detail qui ne fu-
rent resolues que peu a peu. Mais telle est la puissance d'un premier en-
seignement clair et logique, que tout travail qui en decoule se fait sous
cette premiere influence. Les constructeurs occidentaux, en voyant cette
architecture grecque de la Syrie, apprenaient a raisonner ; aussi, a dater
de cette epoque, leurs (Buvres si confuses jusque-la, toutes bourrees de
traditions mal comprises, reproduisant, en les abatardissant de plus en
plus, les formes de Yantiquite romaine, selevent, progressent en s'ap-
puyant sur le raisonnement, sur ces principes legues par les derniers
des Grecs.
Cette coupe B est celle de la plupart de nos eglises romanes construites
au commencement du XIIe siecle en Auvergne, dans le Languedoc, la
Provence et le Lyonnais. On peut aisement constater qu'il y a moins de
dissemblance entre la coupe A et la coupe B qu'entre un monument
voute quelconque de Rome et cette coupe B. Cet arc-doubleau plein cintre
E du triforium, qu'on retrouve dans les galeries des basiliques romanes
de l'Auvergne et du Languedoc, et qui ne peut s'expliquer avec la voüte
en demi-berceau (voyez TRIFORIUM), est un vestige persistant de cette
influence du monument syrien. Quant aux difficultes de detail dont nous
venons de parler, voici en quoi elles consistaient tout d'abord. Les piles
de la basilique de Chaqqa (voy. en a) sont a section carree, ce qui etait
naturel, puisque ces piles ne reooivent que deux arcs-doubleaux, et que
l'archivolte qui unit ces piles nait en penetration au-dessus de la nais-
sance des deux arcs-doubleaux (voy. la figure 8). Mais nous voyons que
deja dans la coupe B les archivoltes G qui reunissent les piles ont leur.
naissance au niveau des naissances des arcs-doubleaux F (voy. la figure 9).
Uextrados de ces archivoltes G ne se degage donc qu'au-dessus de cette
naissance, et, par suite, la naissance de la voüte d'arete ne pouvait s'eta-
blir qu'au point releve de ce degagement, ce qu'indique le trace pep-
spectif (fig. 10). ll y avait la un embarras, une de ces difficultes de detail
dans l'art du constructeur, qui contraint bientot celui-ci, pour peu qu'il
1 Nous expliquerons tout ä l'heure en quoi consiste ce mode.