singuliere disposition de l'architecture romaine de l'empire 1, qui ne
considerait l'art grec que comme une decoration quasi independante de
la structure; si bien que, dans tout editice romain, on peut enlever cette
parure empruntee a l'art grec sans affecter l'organisme, pour ainsi dire,
de la batisse romaine.
Les edifices greco-romains de la Syrie centrale procedent tout aura--
remment : les deux structures grecque et romaine se pretent un mutuel
concours; il n'y a plus l'ossature et le vetement qui la couvre, mais un
corps complet dans toutes ses parties. L'arc et la plate-bande ne sont
plus reunis en depit de leurs proprietcs, ainsi que cela se voit si fre-
quemment dans l'architecture de l'empire, mais remplissent leurs ven-
tables fonctions. Ce rationalisme dans l'art exerca evidemment une
influence sur les Occidentaux, qui se precipitcrent en masses compactes
dans ces contrees a la {in du x16 siecle. Il ne s'agissait plus de suivre de
loin les traditions affaiblies de l'art imperial; les croises trouvaient dans
les villes deja abandonnees, mais encore debout, du Haouran, une archi-
tecture nouvelle pour eux, claire dans ses expressions comme une
leeon bien faite, fertile en deductions, facile a comprendre et pouvant
etre appropriee a tous les besoins.
Dans ces editices, la voüte (l'art-te n'existe pas, tout etant bati (l'appa-
reil, mais bien le berceau, la coupole et le cul-de-four. Les arcs-dou-
bleaux et archivoltes sont frequents, et ces arcs-doubleaux qui forment
travees portent, ou des plafonds de pierre, ou des charpentes, suivant que
les localites possedaient ou ne possedaient pas de bois.
Nous allons rechercher comment ces dispositions ont dü avoir une
influence directe sur la construction de nos voütes occidentales, et firent
abandonner le mode de structure des Romains. Voici (fig. 8) un frag-
ment de la basilique de Ghaqqa 2, dont la construction date du 11e ou du
111e siecle de notre ere. Les travees de cette basilique sont etroites (2250
d'axe en axe des piles, en moyenne) et sont couvertes, entre les arcs-
doubleaux, par des dalles epaisses; une couche de terre battue revetue
d'un enduit formait une terrasse etanche sur le dallage superieur. La
construction se compose de piles a section carree portant des arcs-dou-
bleaux sur la nef principale, contre-butes par d'autres arcs-doubleaux
bandes sur les collateraux, lesquels soutiennent une galerie de premier
etage donnant sur cette nef centrale. Le caraetere particulier a cette
construction, ce sont ces arcs-doubleaux qui composent l'ossature inte-
rieure de Yedifice. Rien de semblable dans les constructions romaines
1 Voyez Entretiens sur l'architecture.
2 Voyez la Syrie centrale, pl. XVI.