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charmantes dans des vitraux d'appartement, sont completement perdues
dans la grande decoration monumentale et n'ajoutaient rien a l'effet. La
palette des verriers s'etait enrichie de colorations nouvelles. Ces moyens
de doublage leur permettaient d'obtenir certains tons d'une puissance
inconnue jusqu'alors zils avaient des verres violets obtenus avec un dou-
blage rouge sur un bleu pale, des verts obtenus au moyen de plusieurs
couches de verres blanc, jaune et bleu superposes 1, des mordores obte-
nus avec une couche jaune sur un pourpre ; ils employaient deja aussi
les couleurs d'email sur le blanc, de maniere a obtenir des colorations
douces et fondues, des bleus pales, des roses (pourpre d'or), des lilas.
La rose de la sainteChapelle de Paris fournit maint exemple de ces
applications de couleurs d'email qui tiennent bien, ce que l'on ne sait
faire aujourd'hui.
Tous ces perfectionnements de fabrication ne pouvaient cependant
relever un art qui abandonnait ses veritables principes. Les derniers
beaux vitraux de la renaissance que l'on voit a Bourges, a Paris, a Vin-
cennes, a Sens, a Troyes, ne sont que des cartons de peintre reportes
sur verre. Ces ceuvres peuvent avoir de grandes qualites comme compo-
sition, comme dessin et modele, elles n'en ont aucune au point de vue
decoratif. Leur aspect est confus, blafard ou dur; l'exil cherche peni-
blement un dessin qu'il prefererait voir sur une surface opaque; les
plombs, au lieu de faciliter la comprehension, la genent, parce que le
dessin a etc coneu sans en tenir compte. La perspective, la succession des
plans, manquent absolument leur effet et ne produisent que la fatigue.
Nous convenons volontiers que le maniere du xve siecle et meme du
xrve etait une deviation funeste de l'art chez les verriers, mais alors
cependant les grands principes decoratifs de cet art n'etaient pas oublies.
Nous preferons encore ces defauts ou ces faiblesses a la pedanterie des
artistes du XVIÜ siecle, qui pretendaient transporter sur le vcrre des
compositions plus ou moins inspirees des peintures des eccles italiennes
de ce temps, et qui, pour montrer leur savoir comme dessinateurs, ne-
gligeaient absolument d'observer les conditions qui conviennent seules
a la peinture translucide.
Nous ne devons pas omettre de parler d'une ecole de peinture sur
verre qui, tout en n'appartenant pas a la France, n'a pas ete cependant
sans exercer une influence sur les ecoles des provinces voisines de l'ESt.
De meme que l'architecture rhenane du xne siecle a pousse des rameaux
jusque dans la Lorraine et merne la basse Champagne, de meme 1120010
des verriers rhenans s'est quelque peu infusee dans nos ateliers francais.
1 Nous avons entre les mains un de ces verres verts, provenant d'une de ces ver-
rieres du XVle siecle de la catliedrale de Carcassonne (Saint-Nazaire), qui est compose
d'une assiette blanche verdätre, d'une couche jaune, d'une couche blanche, d'une couche
bleue, d'une. fine lamelle blanche et d'une couche jaune. NOUS illclinons 41 croire que
ces verres sont de fabrication venitienne.