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VITRAIL.
fleurs de lis d'or (jaunes) sans nombre, et d'un ecu de gueules a la croix
d'argent (blanche) et de quatre clefs de meme dans les quatre cantons,
les pannetons opposes. Contrairement au parti adopte a Auxerre qua-
rante ans auparavant environ, la grisaille de Saint-Urbain est fine,
claire, peu chargee, de manierc a laisser briller les filets et les touches
de couleur. Ce parti a etc adopte dans beaucoup de monuments de la Fin
du XIIIC sieele et du commencement du XIVe, notamment a Saint-Ouen
de Rouen, dansles eathedrales de Narbonne, d'Amiens de Cologne, etc.
Quelquefois les dais d'architecture prenaient une grande importance
et se composaient de tons clairs, blancs, jaunes, vert d'eau, avec des taches
rouges et bleues. Pendant le XIIIB siecle, ces dais, bien que tenus toujours
dans des tons clairs, sont simples comme dessin, assez peu importants
comme dimension. lls prennent plus de place a la fin du X1116 siccle, et
occupent souvent pendant le X1ve autant de surface que les figures qu'ils
couvrent. Ils se chargent de details d'architecture, tels que clochctons,
gables, roses, fenetres a meneaux, crochets et fleurons. J usqifalors les
formes d'architecture representees dans les vitraux sont traduites d'une
nmnibm toute de convention ; mais vers le commencement du xtve siecle,
les artistes Vgrpjgpg affectent de rechercher l'imitation plus reelle de ces
formes. On peut citer, comme un premier exemple de ces tentatives,
des verrieres des chapelles de 1a cathedrale de Beauvais qui datent de
1310 envimm La figure 35, au quart de Yexecution, donne une partie
des decorations architectoniques qui accompagnent les sujets de ces ver-
rieres et qui sont d'une cxtremc finesse. Les tons de cette architecture sont
blancs et jaunes avec quelques touches rouges, sur un fond bleu. Ueclat
non rayonnant du jaune acquiert la nettete et la delicatesse de lumicres
metalliques a travers ces larges redessines noirs, ce qui produit un effet
saisissant2. Mais cette recherche, ce dessin maigre et decoupe, font
regretter les fonds richement colores, les bordures larges, les ornements
si grassement composes qui donnent aux vitraux des X116 et X1119 siccles
cette harmonie veloutee et profonde qui n'a son egale nulle part. Les
bordures du XIVe siecle sont generalement etroites et composces de des-
sins trop petits d'echelle. Les meneaux, qui alors divisaient les fenetres
cn compartiments verticaux d'une largeur de deux pieds a deux pieds
et demi (0265 a 0'275), ohligeaient les verriers a reduire les bordures et,
a diminuer les figures isolees. Les pages donnees a ces artistes n'avaient
plus l'ampleur que nous leur voyons prendre pendant le x11" siecle et
jusque vers 1230. Les armatures de fer ne se composaient plus que de
harlotieres, dest-a-dire de barres horizontales, et les panneaux compre-
naient 1a composition centrale et la bordure. L'exemple fig. 3h est deja
pour cette epoque une exception ; mais, a Saint-Urbain de Troyes, les
1 11 ne reste plus ä Amiens que des traces de ces verriäres dans le triforium
chreur.
2 Les calques de ces vitraux nous ont ätä communiqufis par M. Oudinnt.
du