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penoise. Disons aussi que dans les vitraux d'un meme edifice et d'une
meme epoque, on observe le travail de mains tres-dilfercntes. Des ar-
tistes vieux et des jeunes travaillaient en meme temps, et si les jeunes
introduisaicnt dans ces ouvrages une execution avancee, nouvelle, les
peintres appartenant aux eeoles du passe continuaient a employer leurs
procedes. C'est ainsi, par exemple, qu'a la sainte Chapelle de Paris, on
signale des panneaux qui ont encore conserve des traces de la fac-
ture du commencement du X111" siecle. Peut-etre au X118 siecle fabri-
quait-on des vitraux de pacotille d'une execution hative et negligee. De
ces sortes de vitraux il ne reste pas trace. Il est vrai que les verrieres de
cette epoque qui sont eonservees furent replacees au x111e siecle ou lais-
sees en place exceptionnellement 1, ce qui ferait supposer que cette con-
servation est due a leur perfection, tandis que les (euvres d'un ordre
inferieur auraient ete rcmplacees. Toujours est-il que nous ne connais-
sons du XIIÜ siecle que des vitraux d'une beaute incomparable, soit
comme choix de verre, soit comme composition ou cxecution des sujets
et ornements, soit comme mise en plomb ; on n'en peut dire autant des
vitraux fabriques pendant le X1118 siecle, et surtout de ceux qui appar-
tiennent 51 la seconde moitie de ce siecle. Leur harmonie n'est pas tou-
jours heureuse, "leur composition est souvent negligee et Fexecution
(lefectueuse; les verres peints sont irregulierement cuits et grossierement
mis en plomb. Ces negligences s'expliquent, si l'on a egard a la quantite
prodigieuse des vitraux demandes alors aux peintres verriers.
Il ne faut pas croire d'ailleurs que ce procede decoratif füt obtenu
ä bas prix, les vitraux devaient coüter fort cher. Telle corporation ren-
nissait des ressources pour fournir une verriere 2, et generalement ces
verrieres donnees par un corps de metier sont les plus belles comme
cxccution parmi celles qui decorent les fenetres de nos grandes Cathe-
drales. Un prince donnait une vcrriere, ou un chanoine, ou 1111 abbe.
(Yetaient donc la des objets de prix. La valeur de la matiere premiere
ctait considerable, et l'on attachait beaucoup d'importance, non sans
raison, a la bonne qualite et a la beaute des verres. La mise en plomb
devait naturellement atteindre des prix eleves. Les plombs etaient obte-
nus, non a la filiere, comme on les obtient aujourd'hui, mais au rabot,
ce qui exigeait beaucoup de temps et de soin. Or, quand on suppute la
(piantite de metres lineaires de plombs qui entrent dans un panneau de
vitrail legendaire, par exemple, on reconnait qu'il y a la, comme matiere
et main-d'oeuvre, une valeur assez eonsiderable. Aujourd'hui, 1a mise en
plomb d'un metre superficiel de vitraux legendaires bien faits, avec des
verres epais, coüte environ 50 francs. Les verres etant, pendant 10S"XlIe
ct X111" siecles, beaucoup moins egaux que les notres, cc pPiX, 611 egard
1 Comme, par exemple, dans les chapelles absidalcä 11c- Püglisc abbatiale
Denis, dans les cnthädrnlcs du Mans, de Bourges et de CYHIPÜGS-
"3 Aux cathädralcs de Chnrtrcs, de Bourges, de Tours, (lÄAuKcirre, de Trnyos.
ic Saint-