TOMBEAU
conserves jusqu'a la lin du dernier sieele, et meme jusquTi nos jours.
Les abbayes de Saint-Denis, en France, de Sainte-Genevievfe, de Saint-
Germain des Pres a Paris, de Braisne, de Vendome, de Jumieges, de
Feeamp, de Longpont, de Royaumont, d'Eu, des Celestins a Paris, de
Poissy, renfermaient des sepultures splendides de princes ct seigneurs,
et quelques-uns de ces monuments nous sont restes. L'abbaye de Saint-
Denis, fondee par Dagobert, fut particulierement destince a la sepulture
des rois franqais, et rccut en effet les depouilles de la plupart de ces
princes, depuis 1e fondateur jusqu'a Louis XV. Ueglise ayant ete rebatie
par Suger, il est a croire que les monuments anciens (si tant est qu'il y
ait eu des mausolees eleves sur les tombes des princes) furent detruits
ou fort endommages. Quand, plus tard, vers le milieu du xme sieele, on
remplaea la plus grande partie des constructions du xne siecle, qu'on
reconstruisit la nef, le transsept et tout le haut choeur, les derniers restes
des tombeaux anterieurs a Louis IX furent disperses; si bien que pour
ne pas laisser perdre la memoire de ces venerables sepultures, saint
Louis resolut de retablir tous ces tombeaux, ä commencer par celui de
Dagobert. Les ossements qu'on put retrouver dans les anciens cercueils
furent replacesdans les nouvelles tombes. Parmi les tombeaux ante-
rieurs a saint Louis, un seul fut conserve et replace au milieu du choeur
des religieux : c'etait celui de Charles le Chauve, qui etait de bronze,
avec parties emaillees, et qui dut 1arobablement a la solidite du metal de
ne pas etre detruit comme les autres. Du tombeau de Dagobert il restait,
sous le cloitre de Feglise de Suger, un fragment dont parle dom Doublet 1,
ct que M. Perciera dessine en 1797. (Yetait une statue colossale, assise,
eouronnee, vetue d'une tunique longue et d'un pallium. Nous reprodui-
sons ici (fig. 7) le fragment conserve par le dessin de Percier, et qui
ferait croire que ce monument n'etait pas anterieur au commencement
du xne siecle. Quoi qu'il en fut, nous n'avons pu trouver trace de cette
figure, non plus que de celles des deux princes Clovis et Sigebert, qui
faisaient partie du meme monument. Saint Louis n'en eleva pas moins
un nouveau tombeau au fondateur de l'abbaye, et le fit placer a Fentree
du sanctuaire, cote de Fepitre 2. Ce tombeau, qui date par eonsequent
du milieu du X1118 siecle, est un des plus curieux monuments funeraires
de cette epoque. Il se compose (fig. 8) d'une grande niche surmontee
1 u A Pentree de cette porte v (celle du transscpt donnant au midi, dans le cloitre des
religieux), a entrant en iceux cloistres, a main droite, se voit l'effigie du tries chrestien
a Roy Dagobert, d'une grandeur extraordinaire, assise en une chaire, la couronne sur
u la teste et une pomme en la main droite; ayanta ses deux costez les efiigies de
u ses deux enfans Clovis et Sigebert, de pierre de Iiaism... n (Dom Doublet, Antiq. et
11e l'abbaye de Sainct-Dcnzk en Ifrance, liv. I, chap. xuv.)
2 Ce tombeau est aujourd'hui replace en ce meme endroit, aprbs avoir ete transporte
au Itlnsee des monuments frangfiis, puis de 1a rendu a Füglise, oü les deux faces, separäes
pour faire pendants, avaient ne placees des deux cütes dp narthex.