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Dans leurs compositions, ils cvitaient, autant que faire se pouvait, les
agglornerzitions de personnages ou de parties d'ornements, afin de laisser
(leviner le fond dans toute fetendue d'un motif. En cela la composition
du vitrail dilfere de celle de la peinture opaque. Autant il convient, dans
cette derniere, de grouper les personnages d'une scene de maniere a les
detacher, le plus souvent, les uns sur les autres, autant il est necessaire,
dans un vitrail, de (listinguer ces personnages en faisant apparaitre fre-
quemment le fond autour de chacun d'eux. A distance, par suite de la
vivacite des tons translucides, si des personnages sont groupes en assez
grand nombre, il devient (liflieile, pour l'oeil, de les comprendre separe-
ment. L'absenee de toute perspective lineaire ou aerienne, fimpossibilitä
d'eteindre les tons, a moins de les pousser a Yopacite, ce qui fait tache,
produisent la confusion, si l'on ne retrouve pas, au moins par echappees,
le fond qui dessine le contour de chaque figure. De meme pour les
ornements; non-seulement le plomb doit les dessiner nettement, mais
aussi le ton de fond. Les peintres verriers des X113 et x11!" siecles n'ont
guere failli a cette regle elemcntaire.
Par une raison analogue, les mouvements, les gestes des personnages
sont vivement accentues, exageres, les formes des ornements tres-vigou-
reusement dessinees. La translueidite des tons tend aamollir les contours,
Si les brouiller; il fallait donc parer a cet effet par un dessin tres-fermc,
(rxzigere, detaclie; il fallait augmenter souvent le trait vigoureux du
plomb par un cerne noir; et, afin d'evitei' la lourdeur, laisser entre ce
cerne noir et le plomb un filet pur du ton local, ainsi que nous l'avons
vu pratiquer dans les exemples du xue siecle (fig. 5 et 8).
Le procede de dessin adopte au xnc siecle, tout empreint encore des
traditions de l'ecole grecque-byzantine, procede qui convient d'ailleurs
si bien a la peinture sur verre, ne pouvait se perpetuer en France a une
epoque ou se developpaient les ecoles laiques, qui, en peinture comme
en sculpture, penehaient vers le naturalisme.
Les peintres verriers du xne siecle, comme les greco-byzantins dans
leurs peintures, cherchaient toujours a faire apparaitre le nu en depit
des draperies qui le couvrent; les vetements les plus amples paraissaient,
dans ces oeuvres, colles sur les parties saillantes du corps, et se develop-
paient en dehors de la forme humaine comme entraines par le vent. On
sent, dans cette maniere de traduire la nature, une tradition antique, un
souvenir de l'importance que les Grecs donnaient au nu dans leurs
(iuvrages d'art. Les idees chretiennes ne permettaient plus la reproduc-
tion du nu; on le recouvrait düätoffes, mais de maniere a faire compren-
dre qu'on n'oublient pas entierement ce qui avait fait la gloire de l'art
grec antique. Les artistes verriers comme les sculpteurs du X1110 sieele
etudiaient la nature telle qu'elle se presentait a leurs yeux, et n'avaient
pas de raisons pour conserver Yhieratisme si cher aux byzantins. Des 1e
commencement de ce siecle, on reconnait, dans les peintures sur verre,
l'influence de Yetude de la nature par la maniere dont sont traitees les