363 [ VIERGE ]
Au XIIIe siecle, PEglise ne repoussait point du portail de ses edifices
ces vertus civiles, le Courage, l'Activite, la Largesse, la Liberte, la Justice,
YAmitie, la Saute de l'esprit: pres d'elles, les labeurs journaliers etaient
representes, comme a Notre-Dame de Chartres; au-dessous d'elles les
Vices; puis les sciences, les arts, les travaux de l'intelligence. Ainsi se
completait le cycle eneyclopedique que montrait au peuple la cathe-
drale fraueaise, autant que le permettait Yetat des connaissances de
Yepoque.
En un mot, PEglise alors vivait et etait digne de vivre, puisqu'elle
entrait dans le mouvement social qui tendait a constituer une grande na-
tion aux confins de l'Europe occidentale. Getait sa premiere vertu a elle,
d'etre vraiment nationale, d'activer les developpements intellectuels.
Qu'elle ait pu s'en repentir; que, se sentant debordee par des esprits
trop avances suivant ses vues, elle ait essaye d'arreter le mouvement,
qu'elle-meme avait provoque au coeur des dioceses, il n'en est pas moins
certain qu'alors elle prenait l'initiative, que les arts s'en ressentaient, et
que ces arts ne sauraient etre consideres comme enerves,etouffes sous
une theocratie tracassiere et mesquine-
Les Vertus ifetaient pas seulement representees sur les portails des
eglises; elles avaient leur place encore aux portes des palais, dans les
grandsalles des ehateaux, sur les facacles des hotels. Les preux sculptes
sur les tours du ehateau de Pierrefonds, les preuses sur celles du cha-
teau de la Ferte-ltlilon, sont des personnifieations de vertus heroiques,
guerrieres. Ces figures donnaient leurs noms aux tours. Ainsi, a Pierre-
fonds, les preux sont au nombre de huit, comme les tours. Ces statues,
de 3 maires de hauteur et d'un beau travail, sont celles de Cesar, de Char-
lemagnc, de Machabee, d'Heetor, de Josllä, de Godefroi de Bouillon,
d'Alexandre et du roi Artus.
Sur la faeade de Yhotel de la chambre des comptes bati par Louis XII,
en face de la sainte Chapelle du Palais a Paris, on voyait quatre statues
des Vertus, qui etaient: la Temperance, tenant une horloge et des lu-
nettes; la Prudence, tenant un miroir et un crible; la Justice, ayant
pour attributs une balance et une epee; le Courage, qui embrassait une
tour et etouffait un serpentl. Le combat des Vertus et des Vices etaitle
sujet de beaucoup de peintures et de tapisseries qui decoraient les salles
des chateaux. Les romans, les inventaires, font souvent mention de ces
sortes de tentures designees sous le nom de moralitäs.
VIERGE (SAINTE). C'est vers le milieu du x11" sieele que le culte voue
ä la sainte Vierge prend un earactere special en France. Jusqu'alors les
monuments sculptes ou peints donnent ä la sainte Vierge une place
secondaire: c'est 1a femme designee par Dieu pour donner naissance au
Dubreul, Anliquilds de Paris, 11v. I.