3113 [ UNITE ]
Nous ne concevons pas plus un architecte faisant un plan sans pre-
voir les elevations que donne ce plan, que nous ne concevrions
l'ombre sans la lumiere, ou la lumiere sans l'ombre. D'ailleurs qu'en-
tend-on par l'unite' de plan f? Est-ce que chaque partie de Yedifice projetee
sur un plan horizontal possedc les dimensions necessaires, qu'elles
soient placees en raison des besoins exprimes, qu'elles satisfassent plei-
nement a ces besoins en meme temps qu'aux necessitcs de la stabilite,
de Feconomie, de la duree, de l'orientation, de l'aspect intericur et
exterienr? Que chaque partie ne puisse etre arbitrairement augmenlee,
diminuee, changee, sans qu'il en resulte quelque chose de moins bon?
Que les pleins soient en raison de ce qu'ils doivent porter, et que le mode
de batir soit en rapport avec les materiauxa employer et avec les Lisages
locaux? Si c'est lärcc qu'on entend par l'amie de plan, c'est fort bien,
anotre avis; mais nous ne pourrions comprendre la conception d'un
plan ainsi dresse sans la conception simultanee des elevations; car, a
prendre les choses ä la lettre, le plan n'est que la projection horizontale
de ce qu'on appelle Pelcvation : or, comment concevoir et tracer la pro-
jection horizontale d'une chose qui serait a crecr, qui n'existerait pas ?
Mais si, par l'unz'te' de plan, on entend une image tracee sur le papier
suivant certaines donnces symetriques, une sorte de dessin de broderie
plaisant aux yeux par certaines ponderations de masses, de pleins et de
vides, en torturant d'ailleurs les besoins auxquels tout ediüce doit satis-
faire, afin de rendre cette image P1115 HgPä-"lble, alors nous avouons
ne rien comprendre ä cette unite ; mais nous comprenons que cette unitc
peut etre distincte de Funite d'elevation, puisqu'elle n'a rien a voir avec
les necessites auxquelles il faut satisfaire, avec le mode de batir, avec la
nature des matäl-iaux ä employer, avec Yeconomie et le bon sens, qui
commande, parait-il, de ne rien faire en architecture qui n'ait une
raison d'ctre et dont on ne puisse justifier.
ll est un seul moyen de donner a une (euvre d'architecture Punitä:
c'est, le programme et les forces connues nous entendons par forces
les ressources en 11011111165, argent et materiaux de trouver les com-
binaisons qui permettent de satisfaire a ce programme, et d'employer
ces forces de maniere a leur faire produire le resultat le plus complet.
Il est evident que si, pour satisfaire a sa fantaisie, l'artiste jette une no-
table partie des ressources dont il dispose sur un point d'un ediiice pour
produire un effet, au detriment des autres; que si son ediiicc presente
des echantillons de tous les moyens de structure et d'ornementation par
amour de Yeclectisme ; que s'il ment a la structure que lui fournit son
temps pour imiter des formes appartenant a un mode passe; que si le
monument qu'il eleve n'a aucun lien avec les moeurs du temps; s'il
choque ces mozurs par des dispositions appartenant a une civilisation
differente ou a un autre climat, son ceuvre ne peut pretendre a Punite.
Uunite n'existe qu'autant qu'il y a relation intime entre l'architecture
et l'objet. Un temple dorien presente un type de Funite architectonique;