[ TUILE ]
tuiles romaines, C'est vers le x12 siccle qu'on renonca aux encoches de
recouvrement. On donna, dans les provinces du midi de la France qui
avaient conserve les traditions antiques, la forme d'un trapeze aux
tuiles-canal plates, de maniere qu'elles pussent se recouvrir sans enco-
ches et par l'introduction du petit cote dans le plus grand. La figure 1
0Xplique ce systeme de couverture de tuiles que nous trouvons adopte,
des la fin du x16 siecle, dans nos provinces du Languedoc et de la Pro-
vence. Relativement a leur longueur, ces sortes de tuiles sont plus larges
que ne l'est la tuile romaine, afin de laisser un ecartement suflisamment
dägage entre les tuiles de couvre-joints, qui elles-memes devaient etre
assez ouvertes pour couvrir l'intervalle occupe par les rebords de la
tuile-canal. Les tuiles-canal etaient primitivement posees a cru sur les
Chevrons, ainsi que l'indique notre ligure, sans endolement. La difliculte
dans ces sortes de couvertures etait de combiner les are-tiers. Les tuiles
d'aretiers, qui se posent aisement sur un comble dont les pans sont plans,
116 peuvent etre üxees sur les rencontres de pans composes de tuiles-
Canal avec recouvrement. C'est a l'aide du mortier que l'on parvient 5L
retenir tant bien que mal ces tuiles d'aretiers; mais il n'est pas besoin
de dire que ce moyen est contraire aux conditions d'une bonne struc-
ture. Les charpentes qui recoivent les tuiles sont sujettes a des mouve-
ments produits par les changements de temperature; dans ce cas, ces
Penformis de mortier se brisent, les tuiles d'aretiers se descellent et sont
retournees par le vent. On evitait cet inconvenient, pendant les x18 et
XIIÜ siecles, en posant, lorsque les edifices etaient voütes, des aretiers
de pierre tres-puissants, avec rebords de recouvrement sur les pans
des couvertures. On voit encore les restes de l'emploi de ce systeme
dans quelques editices de Jla Provenee et en Languedoc, notamment
d-HHS Peglise Sainte-Madeleine de Beziers.
_ La figure 2 explique la disposition de ces aretiers de pierre 1, termines
a leur extremite inferieure pardun antefixe A tenant au premier morceau,
lui donnant du poids et de l'assiette a l'angle de la corniche. En B, est
trace le profil de l'archer, et en C. son plan, avec la position des tuiles-
Canal a rebords. Les tuiles biaises etaient moulees expres pour la place
ou simplement coupees. L'espace ab etait suffisant pour loger Yepaisseur
de la tuile-canal plate et de la tuile couvre-joints. Sur le dos de Faretier,
une entaille courbe rejetait l'eau de pluie sur la couverture et empe-
Chait qu'elle ne lavät les joints, simplement garnis de ciment 2. Si ce
SYSli-zme de couverture etait entierement pose sur des charpentes sans
Toutes sous-jacentes, il n'etait pas possible d'employer les aretiers de
pierre que donne la ligure 2; ces aretiers devaient etre, comme les tuiles
deS pans, de terre cuite. Alors, pour les constructions faites avec soin,
' De Päglise Sainte-Madeleine de Bäziers.
2 Ce systäme de couverture a ätä remplqyä d'une maniäre complätc dans la restau-
ration des combles de Päglise Saint-Sernin de Toulouse.