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deux linteaux et le tympan qui les surmonte reposent solidement sur
les deux eneorbellements de ce pilier central (voyez fig. l). La statue de
saint Jean-Baptiste, vetu d'une robe et d'une peau, portant l'agneau
dans un nimbe, occupe l'axe du pilier; il precede, pour ainsi dire,
Fassemblee qui garnit le tympan. A sa droite et a sa gauche sont deux
figures de prophetes, et ses pieds reposent sur un beau chapiteau.
L'intention evidente de l'architecte a ete de laisser l'espace le plus large
possible pour la foule, et de soulager la portee des linteaux au moyen
de ces puissantes saillies laterales decorees de figures. Quand les vantaux
sont ouverts, l'effet de ce trumeau se detachant sur le vide de la nef est
imposant. Rien, dans Yantiquite, ne rappelle ces formes, ces silhouettes
d'un effet etrange. L'artiste qui a compose cette porte, qui a profile ec
trumeau, savait son metier. La nulle hesitation, la decoration est en par-
faite harmonie avec la structure, et, en examinant cette (DIIVFG, Yidee ne
vous vient pas qu'elle püt etre conque autrement. Il est rare que les tru-
meaux de portes aient cette ampleur magistrale. Pendant le X110 siecle,
ils ne consistent qu'en une pile que l'architecte projette aussi grele que
possible pour ne pas gener la circulation, et qui est decoree habituel-
lement par la statue du personnage divin ou du saint sous le vocable-
duquel est placee Feglise. C'est sur ces donnees qu'est compose le tru-
meau de la porte centrale occidentale de la cathedrale de Sens (fig. 2);
cette porte date de 41170 et fut restauree a la fin du X1112 siecle. La statue
de saint Etienne, patron de Yeglise, deeore le trumeau, sur les parois
duquel s'elevent des ornements du meilleur stylef. Les bas-reliefs qui
deeoraient la partie inferieure du pilier ont ete mutiles a la fin du der-
nier siecle. 011 voit, a la porte Sainte-Aune de la cathedrale de Paris
(cote droit de la faeade), un trumeau un peu anterieui" a celui-ci, sur la
face duquel se dresse la statue de saint Marcel. Sous les pieds du saint
GSL represente le sepulcre de la femme damnee qui servit d'habitation
T111 dragon tue par le saint eveque, dont la tete est protegee par un dais.
Les piliers separatifs des portes etaient traites d'une maniere beaucoup.
plus simple, lorsque Fedilice ne comportait pas une deeoration luxueuse.
Nous donnons ici (fig. 3) le trumeau de la porte principale de Feglise
de Souvigny (Yonne), eglise de la fin du x1? siecle, batie avec une
extrerne simplicite. Ce trumeau est un monostyle quadrangulaire decore
D211" une colonnette prise aux depens de Fepannelage, et surmonte de
deux corbeaux qui sont destines a soulager la portee des linteaux.
Ce n'est certes pas par la richessedes details que se recommande
ce morceau de pierre; cependant la purete des profils, Felegance du
trace, en font une de ces ceuvres qui plaisent aux yeux. Les belles epo-
(llles de l'art ont seules le secret de charmer par leurs productions les
plus simples aussi bien que par leurs splendides conceptions. Quand
un art n'a plus, pour plaire, d'autres ressources que la profusion de la
Voyez SCULPTURE, fig. 52.