L TRIFORIUM ] 30h
que la voüte superieure, n'exigerent la destruction du chemin de
ronde B ; au contraire, ce chemin de ronde fut ouvert plus largement
sur la nef et decore de colonnettes (lig. 20). Les fcnetres a, ainsi que les
loassages, furent conservces en relevant leur appui d'une assise, alin de
trouver la nouvelle pente du comble. Le sol du chemin de ronde au
niveau (I, dans la disposition romane, fut abaisse en d, pour donner une
proportion plus svelte a la galerie supcrieure. L'architecte n'osa pas
probablement ouvrir en g de nouvelles arcades, comme il l'avait fait
contre la pile centrale de la travee, dans la crainte d'affaiblir les piles
principales, et aussi parce que la perspective des ares ogives les mas-
quait en partie. Ainsi, la raison d'utilite qui avait fait pratiquer les
chemins de ronde sous les charpentes superieures des eglises normandes
primitives devenait, lorsque ces eglises furent voütees, un motif de
decoration qui persiste dans les monuments de cette province jusqu'a
la lin du Xlile siecle.
Le chevet de la cathedralc de Lincoln (Angleterre) nous fournit un
exemple des plus remarquables de la persistance de cette tradition
(fig. 21). La le triforium etait encore couvert par une charpente appa-
rente comme celui de Feglise normande romane, et le chemin de ronde
superieur se combine avec le fcnestrzige ouvert sous les formerets. Ce
chemin de ronde n'a plus alors une utilite reelle, puisque les vitraux
pourraient, s'il n'existait pas, etre repares du dehors en passant sur la
tablette de recouvrement du comble du triforium. La claire-voie inte-
ricure du chemin de ronde se relie a la fenetre vitree au moyen de
linteaux formant l'assise du tailloir des chapiteaux. Il y a dans ce parti
un desir de produire de Pellet par le jeu de ces deux claires-voies, dont
l'une, celle interieure, n'est qu'une decoration. On remarquera, dans
cet exemple, combien est chargee de moulures et d'ornements Parcature
du triforium, et combien cette richesse contraste avec l'aspect nu de
la charpente apparente. Il est evident que, dans cette architecture nor-
mande du XIIIB siecle, la tradition romane conserve son empire et devient
souvent l'occasion de formes et de partis qui ne sont plus justifies par
suite des changements introduits dans le mode de structure. Une dispo-
sition analogue a etc adoptee dans le chrcur de la cathedrale d'Ely,
disposition qui reproduit plus exactement encore celle des chemins
de ronde superieurs des eglises normandes romanes. Dans notre archi-
tecture franeaise, au contraire, l'ecole laique du xne siecle laisse de
cote toutes les traditions romanes, et ne s'inspire plus que des neces-
sites imposees par le nouveau mode de structure; elle procede toujours
d'une maniere logique, claire , ne met en muvre que ce qui est neees-
saire, et peut toujours rendre raison de ce qu'elle fait Il Serait ä
souhaiter qu'on en püt dire autant de nos ecoles modernes d'archi-
teeture.
Mais nous devons nous borner, les documents abondent, et nous ne
pouvons ici que signaler les principaux, ceux qui presentent un carac-