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vitraux de la claire-voie posterieurc D se voient a travers cette balustrade.
L'intention d'ajonrer de plus en plus les travees au-dessus des collate-
raux, et d'en faire comme une sorte de tapisserie translucide, sans inter-
ruption, devient evidente a dater de la seconde moitie du X1110 siecle, et
se manifeste jusque vers la lin du xrve siecle, dans Plle-de-France et les
provinces voisines, sauf de rares exceptions. Comme les hautes fenetres
elles-memes, les galeries du triforium occupent alors tout l'espace com-
pris entre les piles. Trois monuments religieux de cette epoque (lin du
X1110 siecle), dus a un meme architecte, tres-probablement, font excep-
tion a cette reglc : ce sont les cathedrales de Clermont (Puy-de-Domc),
de Limoges et de Narbonne, dont les ehmurs furent seuls termines avant
le XIV" siecle. Dans ces trois eglises, les fenetres hautes n'occupent pas
entierement tout l'espace libre entre les piles portant les arcs des voutes;
elles sont plus etroites, et la claire-voie du triforium n'occupe egalement
que la largeur des fenetres. Ces galeries du triforium ne sont point
ajources exterieurement, mais possedent un mur (Fadossement plein,
bien que les collateraux soient couverts en terrasses, disposition qui, a
notre avis, rfetait d'ailleurs que provisoire. De plus, ces galeries pour-
tournent les piliers, au lieu de passer a travers, comme dans nos eglises
du Nordk Il s'en faut que ce parti ait la franchise du mode de structure
adopte dans nos provinces du Nord. Les arcatures du triforium, isolcrs
des piles et laissant un plein a droite et a gauche de celles-ci, ne pro-
duisent pas un bon effet, ne s'expliquent pas nettement. Et, de fait,
aucune necessite de construction ne motive ces sortes de trumeaux
alourdissant les piles sans raison.
Pendant que le triforium se developpait ainsi en ne faisant plus qu'un
avec la fenetre superieure dans le Nord, en Bourgogne les architectes
procedaient autrement pendant le X1116 siecle. Ils conservaient le mur
d'adossement plein pour appuyer le comble en appentis du collateral,
et, au lieu de rescrver au-dessus du triforium un chemin de ronde
exterieurement, ils le disposaient interieurement. La fenetre superieure
de la trave'e se trouvait ainsi elevee a l'aplomb de ce mur dadossement,
et non point a l'aplomb de 1a claire-voie interieure, comme dans les
exemples preeedents 2.
Voici (fig. 16) un exemple de cette structure, pris dans la jolie eglise
de Saint-Martin de Clamecy. On voit combien,dans ces monuments
bourguignons, le triforium prend d'importance. C'est un väritable
portique eleve au-dessus des archivoltes du eollateral. Ce systeme ne
peut conduire a relier la galerie avec le fenestrage supärieur, pose
en retraite; aussi ne le voyons-nous adopte en Bourgogne, et dans une
partie du Nivernais, que quand, dans ces provinces, on abandonne les
traditions locales, vers la fin du xIvÜ siecle, pour recourir au style de
1 Voyez ARCHITECTURE RELIGIEUSE, Hg. 38.
9 Voyez CONSTRUCTION, fig. 78, 79 bis et 88.