[ TRANSSEPT ] 216
abbatiale de Saint-Savin, pres de Poitiers, qui date du x18 siecle, un
transsept tres-accuse separe la nef du sanctuaire 1.
Toutefois le transsept ne se manifeste pas de la meme maniere et en
meme temps dans les ecoles diverses d'architecture religieuse de l'an-
cienne Gaule. S'il semble inherent au plan de Teglise des provinces me-
ridionales, il n'apparait que plus tard et d'une maniere moins franche
dans les provinces du Nord. Quant aux eglises abbatiales, les plus an-
ciennes, elles sont toujours pourvues de transsepts etendus. Cette dispo-
sition etait commandee imperieusement par le service religieux des
moines benedictins, et elle fut suivie par les cisterciens dans les con-
structions qu'ils eleverent au X110 siecle. Ueglise abbatiale de Cluny
possedait meme deux vastes transsepts separes seulement par deux
travees de nefs 2.
Avant l'adoption absolue des voütes dans la structure des eglises, la
disposition des transsepts presentait deja aux architectes de serieuses
difficultes; car, s'il est facile de poser des fermes de comble sur les murs
paralleles d'une nef, il est moins aise de couvrir en charpente un espace
carre en ne disposant que des angles comme points d'appui. Aussi, dans
les basiliques les plus anciennes pourvues de transsepts, ou les murs de
ces transsepts selevent au-dessus de ceux de la nef haute, et la charpente
repose alors sur des arcs-doubleaux qui franchissent la largeur de la nef;
ou au contraire les murs de la croisee sont plus bas que ceux de la nef,
et c'est la charpente de celle-ci qui repose sur des arcs franchissant la
largeur du transsept. Quelquefois aussi quatre arcs-doubleaux sont ban-
des a l'intersection de la nef avec le transsept; sur ces arcs s'eleve une
sorte de tour carree qui possede sa charpente speciale avec deux pignons,
Cette disposition est adoptee, par exemple, dans Veglise conventuelle
de Monreale, pres de Palerme 3, et dans la cathedrale de Cefalü (Sieile),
baties toutes deux sous la domination normande, au XII" sieclc. Il y a
tout lieu de croire que les eglises construites en France, dans le Nord et
particulierement en Normandie, au Xle siecle, presentaient cette disposi-
tion. Des voütes ayant remplace, dans ces edifices, toutes les charpentes
apparentes, pendant les X118 et X1119 siecles, on ne peut a cet egard que
fournir des presomptions; mais la voüte centrale du transsept normand,
formant lanterne, semble etre une tradition de la charpente relevee que
nous trouvons encore a Gefalü et aMonreale, pres de Palerme.
Mais c'est (nous l'avons deja dit) dans les eglises monastiques des Gaules
que nous voyons le transsept s'accuser franchement des une epoque
ancienne. Le plan de Feglise primitive de Saint-Rembsa lleims, encore
visible, maigre les modifications qu'il a subies, possede un transsept
tres-etentlu et sur lequel, outre le sanctuaire, s'ouvraient cinq chapelles
1 Voyez ÄRCIIITECTURE RELIGIEUSE, fig. U.
"3 Voyez ARCHITECTURE MONASTIQUE, fig. 2.
3 Voyez l'ouvrage du duc de Scrradifalco : Del duomo di Illozzreale, Palernle,
1838.