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pas rare de voir une troupe de partisans ]')l'OiitCl' de l'heure ou les gens
etaient aux champs pour s'enipzirer d'une bourgade et la mettre a rangon.
A la premiere alarme, le chatelain et ses hommes avaient laientot l'ait
de relever le pont et de se mettre a l'abri des insultes; mais ces gap-
nisons, tries-faibles en temps ordinaire, n'eussent pas pu deloger des
troupes d'aventuriers et empocher le pillage du bourg; il fallait avoir
le temps de rassembler les paysans disperses dans la campagne: c'est
a cette lin que les tours de guet etaient elevees. Aux premiers sons
du cor, aux premiers tintements du beffroi, les populations rurales
se groupaient sous les murs du chateau et organisaient la defense,
appuyes sur la garnison de la forteresse. Les villes possedaicnt, par le
meme motif, des tours de guet sur les points qui (lccouvraient la cam-
pagne au loin. Ces tours de guet etablies le long des remparts devinrent,
vers le XIVe sieele, le beffroi de la ville; outre les Aguetteurs, elles ren-
fermaient des cloches dont les tintemcnts atppelaient les habitants
aux points de leurs quartiers dcsignes (l'avance, (l'on les quarteniers les
dirigeaient d'apres les instructions qui leur etaient transmises par lei;
chefs militaires.
Dans les chateaux, les tours de guet ne servaient pas seulement il
provenir les (langers d'une surprise ; les guetteurs, qui veillaient nuit et
jour a leur sommet, avertissaient les gens du ehateau de la rentree du
niaitre, de l'heure des repas, du lever et du coticher du soleil, des feux
qui slallumaient dans la campagne, de l'arrivee des visiteurs, des mes-
sagers, des convois. La guette etait ainsi la voix du chateau, son aver-
tisseur; aussi les fonctions de guetteur iretaient-elles conliees qu'a des
hommes eprouves et elaient-ellcs largement retribuees, car le metier
etait penible.
Souvent les tours de guet ne sont que des guettes, dest-a-dire des tou-
relles accoleesa une tour principale et depassant en hauteur ses cou-
ronnements Mais aussi existc-t-il de veritables tours de guet, c'est-a-
dire uniquement destinees a cet Lisage.
La cite de Carcassonne en possede une tres-elevee d'une epocjue an-
cienne (lin du x1" siecle), entierement conservee. Cette tour depend du
(rhateau, domine toute la cite et le cours de liltude; elle est batie sur
plan rectangulaire "l, et ne contenait qu'un escalier de bois avec paliers.
Son sommet pouvait etre garni de hourds 3.
{L'angle sud-ouest des n1urs romains de la ville clätutun, point culmi-
1 Voyez l'article CONSTRUCTION, Hg. 15h; voyez aussi l'article ECIIAUGKIETTE. Les deux
tours cxtüricurcs du donjon de Pierrefonds possbdcnt chacune une guette (voyez la Ügurg
prdcddente).
2 Une ldgendc prätcnd qulcllc salua CharlemagIIc {I son passage 51 Cnrcassouno; mais
Charlenulgnc est-il jIIIIIIIIs pussä ä CIIrcassonIIe? puis la tour n'est que du x10 siifclo.
3 vol-cl ARCHITECTURE IIIILITAIRE, le Illan du chäteau du CEIYCÜSSOHÜC, Hg. '12 (la (mu.
de guet est (-11 S): et la figure 13, la vue pcrspcctixc du cc chiltcml. Voyez aussi [95
Af-clzivcs des monuments historiques, Gidc fiditcur.