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poration ifexecute-t-elle ses projets qu'en se cachant du mieux qu'elle
peut. Mais il n'en etaitpas ainsi depuis l'empire romain jusqu'au xvnc
siecle. Pendant l'adn1inistration des derniers empereurs, lcs villce et
meme les bourgades ifetaient pas toujours a l'abri des expeditions de
bandes d'aventuriers qui, en plein jour, rangonnaient les particuliers
et les petites communes, ainsi que nous voyons encore la ehose se l'aire
parfois en Italie, en Sioile et sur une partie du territoire de FAsie. Le
brigandage (pour. nous servir d'un mot qui ne date que du xwe siecle)
existait a l'etat permanent sous l'administration romaine, aux portes
memes de la capitale de l'e1npire, et il n'est pas (iquitzible de faire re-
monter cette institution au moyen age seulement; elle appartient un
peu a tous les temps, et aux soeietes partieulierement qui inclinent vers
la dissolution. Le moyen agefeodal ne pratique. pas le brigandagc et
ne Feleva pas a la hauteur d'une institution, ainsi que plusieurs feignent
de le croire pour arriver a nous demontrer que l'histoire de la civilisa-
tion ne date que du xvie siecle.
La feodalite entreprit au contraire de detruire le brigandage qui,
apres la chute de l'empire romain, etait passe dans les mtenrs et s'e-
tendait a l'aise sur toute FEurope occidentale. La feodztlite fut une verl-
table gendarmerie, une magistrature armee, et maigre tons les abus qui
entourent son regne, elle eut au moins cetavantzige de relever les popu-
lations de Fallaissexnent ou elles etaient tombees a la fin de l'empire et
sous les Merovingiens. Ces premiers possesseurs terriens, ces leudes,
surent grouper autour de leurs domaines les habitants ellares des cam-
pagnes, et si des colons romains ils ne firent pas du jour au lendemain
des citoyens (tache impossible, puisque a peine les temps modernes ont
pu la remplir), du moins leur enseignerent-ils par exemple a se defendre
et a se reunir au besoin, a l'ombre du donjon, contre un ennemi com-
mun. Que les chatelains aient ete des voleurs de grands chenlins, le
fait a pu se presenter, surtout au deelin de la feodalite; mais il serait
aussi injuste de rendre l'institution feodale responsable de ces crimes
qu'il serait insense de condamner les institutions de eredit parce qu'il
se rencontre parfois des banqueroutiers parmi les linanciers. Les Assises
de Jävfusalem, ce code elabore par la feodalite taillant en plein drap, sont,
pour 1'etat de la societe (Yalors, un recueil d'ordonnances fort sages, et
qui indique une trcs-exacte appreciation des conditions d'ordre social;
et les barons, guerriers et legistes qui ont redige ce code eussent es;
fort surpris si on leur eut dit qu'un sieele comme le notre, qui se pre-
tend eclaire sur toutes choses, les considererait comme des detrotlsseurs
de pelerins, des soudards, pillards sans vergogne.
La guette, ou la tour de guet, est le signe visible du systenle de police
armee etabli par la feodalite. La tour de guet du chäteau n'a pas seu-
lement pour objet de prevenir la garnison d'une approche suspecte,
mais bien plus d'avertir les gens du bourg ou du village de se detier
d'une surprise et de se premunir contre une attaque possible. Il n'etait