[ TAILLE l l;
Dans le Poitou, le Berri et la Saintonge, les tailles, a la memc epoque,
sont extremement grossieres, faites 51 l'aide d'un taillant. epais, coupant
mal, ecrasant le parement, et laissant voir partout les coups d11 pic ou
du poincon a degrossir. La ciselure apparait dans les moulures, mais
elle est executee sans soin et par des mains inhabiles.
C'est avec le X110 siecle, au moment ou se fait sentir en Occident
Fintluence des arts greco-romains de la Syrie, q11e les tailles se relevent
et arrivent tries-promptement a une perfection absolue. Dans toutes les
provinces, et notamment en Bourgogne, dans la haute Champagne,
dans le Charolziis et dans la Saintongc, les progres sont rapides, et les
tailleurs de pierre deviennent singulierement habiles. On voit" alors
apparaitre certaines recherches dans la faeon de traiter les diverses
tailles: les parements unis sont dresses au taillant droit, tandis que les
moulures sont travaillees au ciseau et souvent polies. L'emploi de la
bretture commence a se faire voir sur les bords de la Loirc, dans le pays
chai-train et dans le domaine royal. C'est vers 411110 que cet outil parait
etrc d'un usage general dans les provinces au nord de la Loire, tandis
qu'il n'apparait pas encore en Bourgogne et dans tout le midi de la
France. Les tailles a la hretture ne se montrent en Bourgogne que
vers 1200, et elles n'apparaissent que cinquante ans plus lard sur les
bords de la Saone et du Rhone, en Auvergne et dans le Languedoc. Le
chosur de Feglise abbatiale de Vezelay, qui date des dernieres annees du
xne siecle, et qui presente des tailles si merveilleusement executees,
montre en meme temps l'emploi du taillant droit tPtJS-llll, du ciseau, du
polissage, et, dans (Iuelques parties, de la bretture a larges dents. Les
bases, les tailloirs des chapiteaux, les 1noul11res des bandeaux, sont polis
et d'une purete d'execution incomparable. Meme execution dans Fegliste
de Montreal (Yonne), de la meme epoque. Ces differenccs de natures de
tailles produisentbeaucoup (l'effet et donnent aux profils une finesse
particulier-c. A dater d11 X111" siecle, Fecole de Flle-dee-Franee, qui prend
la tete de l'art de l'architecture, n'emploie plus que la bretturc, mais
elle polit souvent les prolils a la portee de la main, tels" que les bases
des colonnes. Ce fait peut. etrcobserve a Notre-Dame de Paris, a Notre-
Dame de Chartres, a la cathedrale de 'l'royes, a Saint-Quiriacc de Provins,
a la sainte Chapelle du Palais, et. dans 11n grand nombre de monuments.
Pendant ce temps, dans les eontrees ou le gres rouge abonde, dans
les Vosges et sur les bords du Rhin, on continue de l'aire les tailles a
l'aide du poincon, du large ciseau et du marteau de bois. On voit beau-
coup de tailles de ce genre a Strasbourg, ou l'on se sert encore aujour-
d'hui du meme outillage. Dans la cathedrzile de cette ville, on remarque
une grande variete de tailles du x12 au XIVe siecle, obtenues avec les
memes outils. Ainsi, dans la crypte de ce monument, sur le mur nord,
on voit des tailles faites au poincon qui donnent ce dessin (fig. 2). Aux
voütes de cette nleme crypte (X118 siecle), les tailles sont faeonnees eu
epis i1l'aide du large ciseau strasbourgeois (lig. 3). Ueglisc de Hosheim,