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engins, de les rendre plus epaisses pour resister aux coups de Fassaillant
et a liebranlement cause par l'artillerie qu'elles devaient contenir, de les
garantir contre les feux courbes et de leur donner un flanquement plus
efficace. On voulait leur conserver un commandement sur les dehors et
meme sur les courtines, et l'on craignait, en les elevant, de les exposer
trop aux coups de l'ennemi. On sentait que ces crenelages et ces machi_
coulis etaient, contre les boulets, une faible defense, facilement renver-
see bien avant le moment ou l'on en avait le plus besoin, et cependant
on ne pensait pas pouvoir les supprimer, tant on avait pris l'habitude de.
eonsiderer cette defense rapprochee comme une garantie sericuse. Tou-
tefois ce furent ces machicoulis et ces crenelages qui disparurent les
premiers dans les defenses fortement combinees vers la fin du Xve siecle.
Le crenelage superieur, destine a empocher l'approche, descendit au
niveau du fosse, devint une fausse braie couvrant la base des tours. Le
tir a ricochet n'etait pas encore employe. Les batteries de Yassiegeant ne
pouvaient detruire ce qu'elles ne voyaient pas; or la fausse braie primi-
tive, etant couverte par la contrescarpe du fosse, restait intacte jusqu'au
moment ou Passaillant siappretait a franchir ce, fosse pour s'attaquer aux
escarpes et aux tours. Elle devenait ainsi un obstacle oppose a l'attaque
rapprochee, et qui restait debout encore quand toutes les defenses supe-
rieures etaient ecretees. Mais deja, vers le milieu du xve sieele, les ar-
mees assiegeantes trainaient avec elles des pieces de bronze sur aifüts, qui
envoyaient des boulets de fonte 1. Ces projectiles, lances de plein fouet
contre les teurs, couvraient les fausses braies d'eclats de pierre et com-
blaient l'intervalle qui separait ces fausses braies de la defense, si l'on
ruinait celle-ci. Les tours a court flanquement et de faible diametre de-
venaient plus genantes qu'utiles ; on songea a les supprimer tout a fait,
du moins a les appuyer par de nouveaux ouvrages disposes pour recevoir
de l'artillerie, independanlmeilt des boulevards de terre qu'on elevait
en avant des points faibles. Ces nouveaux ouvrages tenaientau corps de
la place. Bätis a distance d'une demi-portec de canon, ils affectaient la
forme de grosses tours cylindriques, recevaient des pieces a longue por-
tee a leur sommet pour battre les dehors et enfiler les fronts et les fosses,
Z1 leur pied pour la defense rapprochee et pour envoyer des projectiles
rasants sur les boulevards de terre qui couvraient les saillants ou les
portes 2. Alors, a la fin du xve siecle, le chateau feodal ne pouvait occuper
l On donne geueralement, fi l'invention du boulet de fonte de fer, une date trop
recente. Dejit, vers 11130, l'artillerie frangaise et allemande s'en servait. Les inventaires
d'artillerie de Charles Vll en font mention. Des vignettes de manuscrits de 11130 '51 M110
figurent des projectiles de fer. Au musee d'artillerie il existe un canon de M123, de
bronze, provenant de Rhodes, fondu en Allemagne, qui ne pouvait servir qu'il envoyer
des boulets de fonte. A la. defense (Pürläans, en 11128, les artilleurs orleanais avaient des
boulets de fonte.
2 Plus tard Castriotto (15811) adopte de nouveau les tours rondes au milieu des
bastions, en capitales, et au milieu des courtines. Vauban lui-mente, dans sa derniere