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davantage en dehors des courtines afin de les mieux llanquer; telles 5,611
detachent meme parfois presque entierement, surtout aux saillants; elles
etendent considerablement leur diametre, elles renforcent leurs parois
et sont casematees. Souvent meme la batterie superieure, au lieu d'etre
decouverte, est blindce au moyen d'une carapace de maconnerie et de
terre. Nous ne pourrions dire si cette innovation des batteries supe-
rieures blindees est due a la France, a PAHemagne ou a Pltalie. Fran-
cesco di Giorgio Martini, architecte de Sienne, qui vivait au milieu du
XVÜ sieclc, donne plusieurs exemples de ces tours avec batteries supe-
rieures blindees, dans son Traite de Farclzizectzzre militaire 1. Nous avons
trouve, en France, des traces de ces couvertures dans des ouvrages en
forme de tours protegcant des saillants "l, ce qui ifinterdisait pas l'emploi
des anciens machicoulis et crenelages.
Voici (fig. 35) un exemple de ces sortes de tours. En A, est trace le
plan de l'ouvrage au niveau du sol de la place. La salle D est percee
dembrasures pour trois pieces de canon ; un escalier ouvert au centre
de cette salle permet de descendre dans le moineau 0', dont le plan est
detaille en G3. La salle D, voütee, est ouverte du cote de la place, tant
pour aider a la defense que pour laisser echapper la fumec. La tour est
munie d'un parapet crenele avec machicoulis en forme de pyramides
renversees pour faciliter le tir de haut en bas et mieux protegei" le talus.
Sur la plate-forme est etablie une batterie casematee avec quatre embra-
sures, ainsi que l'indique le plan B. Ces embrasures commandent les
dehors par-dessus la crete des merlons. Une traverse en maeonnerie E
garantit les hommes postes derriere le parapet des coups d'enlilade et
{le revers. La voüte de la batterie et celle du moineau sont couvertes de
0m11 et de terre battue et gazonnee. Le systeme defensif de cette tour est
facile a comprendre. La batterie basse, avec les deux pieces a, enfile les
courtines, bat le fosse, et ilanque les tours voisines; avec sa piece b elle
ucfend la contrescarpe du fosse en face du point mort. La batterie haute
protege les dehors; le moineau empechc le passage du fosse; les crene-
lages et machicoulis protegent la base de louvrage contre lattaque rap-
prochee et la sape.
1 Traftafo di archifettura civile e nzilitare di F. G. Martini, publiä pour lzfpremiäre
fois par les soins du chevalier Gäsar Saluzzo (Turin, 1861). Voyez l'atlas, pl. V, XXII,
XXlll et suiv. '
2 A Langrcs, ä Dijon, ancien chätean, xve siccle; z. Marseille, {in du xve siccle (front
dcmoli du Nord); pcilt-ätre au chäteau de Ham, avant la reconstruction de la plate-forme
de la grosse tour, hätie par le cointe de Saint-Pal, et dont les murs ont 10 mctres
dfpaisseur.
3 On donnait lc nom du moineau a un petit ouvrage saillant bas, placä au fond du
fossä, le dcfcndant et pouvant contenir des arqucbusicrs ou mäme des arbalctriers. On
croyait ainsi protcgci- le point mort des tours circulaires. (Voyez, 51 l'article Bounvimn,
le grand ouvrage dc SchatThauscn, les dcfenses circulaires qui remplissaient exactement
dans les fossäs l'office de moineaux.)