TOUR
M0
Alors (de 1365 a l370)' on commencait a peine a employer des bouches
a feu d'un assez faible calibre, ou des bombardes de fer courtes, frettees,
propres a lancer des boulets de pierre a la volee, ainsi que pouvaient le
faire les engins a contre-poids. On ne croyait pas que la nouvelle artille-
rie a feu remplacerait, un sieele plus tard, ces machines encombrantes,
mais dont le tir etait tres-precis et l'effet terriblejusqifa une portee de
450 a 200 metres. L'artillerie a feu usitee vers la {in du XIVe siecle dans
les places consistait en des "tubes de fer qui envoyaient des balles de
deux ou trois livres au plus, ou meme des cailloux arrondis. Ces engins
remplaeaient avec avantage les grandes arbaletes, et pouvaient etre mis
en batterie derriere les merlons des tours. Il y avait donc interet a aug-
menter le relief de ces tours, car le tir de plein fouet etant faible, plus
on Felevait, plus il pouvait causer de dommages aux assiegeants. D'ail-
leurs, ainsi que nous l'avons dit tout Z1 l'heure, il etait important de
soustraire le sommet de ces "tours aux projectiles lances a la volee par
les anciens engins. Les courtines (levaient, relativement, n'avoir qu' un
relief moindre, afin de poster les arbaletriers, qui envoyaient leurs car-
reaux de but en blanc a 60 metres environ. Les machines et bouches a
feu des plates-formes des tours couvraient la. campagne de gros projec-
tiles dans un rayon de 200 metres, et tenant ainsi les assiegeants a dis-
tance, les courtines se trouvaient protegees jusqu'au moment ou, par
des travaux d'approche, les assaillants arrivaient a la cret-e du fosse.
Dans ce dernier cas, les arbaletriers des courtines en defendaietit l'ap-
proche, et ceux des tours prenaient en flanc les colonnes d'assaut par un
tir plongeant. Mais bien que les progres de l'artillerie a feu fussent.
lents, cependant, a la fin du xive siecle, les armees assiegeantes com-
mengaient a mettre des bombardes en batterie. Celles-ci, couvertes par
des epaulements et des gabionnades, n'avaient pas a redouter beaucoup
les rares engins disposes au sommet des "tours, eoncentraient leur feu
sur les eourtines relativement basses, ecretaieut leurs parapets, detrui-
saient leurs machicoulis, rendaient la defense impossible, et Fassiegeant
pouvait zilors proceder par la sape pour faire breche. Les commande-
ments eleves des tours devenaient inutiles des que l'ennemi {attachait
au pied de fescarpe. Vers 1h00, on changea donc de systeme, on eleva
les courtines au niveau des tours; la defense batie fut reservee pour
l'attaque rapprochee, et en dehors de cette defense on eleva des ouvra-
ges avances sur lesquels on mit les bouches a feu en batterie. Celles-ci
furent donc reservces pour garnir ces ouvrages bas, etendus, battant la
campagne, et la forteresse ne fut plus qu'une sorte de rcduit unique-
ment destine a la defense rapprochee.
1 Le chätcau de Vincennes, dont il existe des restes considärables que nous voyons
aujourd'hui, fut cmnmcncd par le roi Jcnn, sur de nouveaux plans; mais si l'on consi-
dizrc le style de l'architecture, il ne parait pas que. les przälläcvsseurs de Charles V aient
dlcvä l'ouvrage au-dcsius du sol (le la place; si mämc Char-les V n'a pas cntibroment
repris Ftbuvlw.