TOUR
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tincs, ou meme sur le sol, derriere celles-ci, lorsqu'elles n'avaient qu'un
faible relief, ou encore le long des lices, quand les places possedaient
une double enceinte, afin (feloignei- Fassaillant. Mais quand la premiere
enceinte etait prise, il ne s'agissait plus que de pourvoir a la defense tres-
rapprocliee, et alors les machines de jet devenaient inutiles, les hourds
ou les machicoulis suffisaient.
Sous Charles V, disons-nous, on modifia l'ancien dispositif defensif.
On possedait deja de petites pieces d'artillerie, qui permettaient d'allou-
ger les fronts, ffeloigner les flanquements par consequent. On avait
reconnu que les fronts courts avaient Finconvenient, si les deux flancs
voisins avaientete detruits, de defiler Fassaillant et de ne lui prescri-
ter qu'un obstacle peu etendu, contre lequel il pouvait accumuler ses
moyens d'attaque. Aussi etait-ce toujours contre ces courtines etroites,
entre deux tours, que les dernieres operations d'un siege se concen-
traient, des qu'au prealable on etait parvenu a ruiner les defenses supe-
rieures des tours par le feu, si elles se composaient de hourds, ou par
de gros projectiles, si les galeries des machicoulis etaient revetues d'un
manteau de mzieonnerie. Vers 1360, les courtines furent donc allongees;
les tours furent plus espacees, prirent une plus gfillltlü surface, eurent
parfois des flancs droits, dest-a-dire que ces tours furent baties sur
plan rectangulaire, et furent couronnees par des plates-formes. Le
chateau de V incennes est une forteresse type conforme a ce nouveau
dispositif. Le plan bien connu de cette place' presente un grand paral-
lelogramme flanque de quatre tours rectangulaires aux angles, d'une
tour (porte) egalement rectangulaire au milieu de chacun des petits
cotes, de trois tours carrees sur l'un des grandscotes, et par le donjon
avec son enceinte sur l'autre.
Les courtines entre les tours ont environ 100 metres de long, ce qui
depasse la limite des anciennes escarpcs llanquees.
Les tours d'angle sont plantees de telle faeon, que leurs flancs sont
plus longs sur les petits cotes du parallelogramme que sur les grands,
afin de mieux proteger les portes.
Voici en A (fig. 31) le plan d'une de ces tours d'angle, a rez-de-ehaus-
sec, dest-a-dire au niveau du sol de la place. De gros contre-forts repo--
sant sur un talus montent jusque la corniche superieure, qui n'est
qu'une suite de larges machicoulis. Les trois etages etaient voütes, et
sur la derniere voüte reposait une plate-forme dallee, tres-propre a
recevoir, ou de grands engins, ou des bouches a feu. Un crenelage pro-
tegeait les arbaletricrs. En B, est trace le plan de cette plate-forme.
La figure 32 donne Felevation de cette tour sur son grand cote, avec
la courtine voisine. On reconnait ici que vers la seconde moitie du XIVÜ
siecle, on revenait aux commandements considerables des tours sur les
courtines, avec l'intention evidente de faire servir ce commandement
1 Voyez ÄRCIIITECTURE MlLITAIRE, fig. M.