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dans les places. Du Gueselin, bien qu'il ne fit pas trop usage de ces ma-
chines de guerre et quiil preferät brusquer les attaques, les employa par-
fois, et lorsqu'il les mit en batterie devant une forteresse, ce fut t011j0ur5
pour demoraliser les garnisons par la quantite de projectiles dont il
couvrait les rues et les maisons
Si les defenses etaient tres-hautes, les projectiles ne faisaient que
frapper directement leurs parements et ne pouvaient les entamer? Le
trouvere Cnvelier, dans la Vie de Bertranfl du Guesclin, raconte com-
ment, au siege du ehateau de Valognes, a chaque pierre que lanqaient
les engins des assiegeants, un homme de garde venait frotter les moel-
Ions, par derision, avec une serviette blanche. Il a le soin de nous dire
aussi, dans le meme passage, comment la garnison avait fait blinder les
tours avec du fumier, pour eviter l'effet des projectiles lances a la volee :
ot-on mis mainte grande chartäc.
Dc {icns y
La grande puissance donnee alors aux engins obligeait _les architectes
militaires ä surhausser les tours et les courtines. Mais s'il s'agissait d'une
place couvrant une grande superficie, on ne pouvait donner ä ces cour-
tines un relief tres-considerable sans de grandes depcnses; aussi sous
Charles V prit-on de nouvelles dispositions. Jusqu'alors on n'avait songe
qifexceptionnellement ä terminer les tours par des plates-formes pro-
pres il recevoir des engins. Ces machines etaient mises en position sur
des plates-formes de bois charpentees interieurement le long des cour-
1 u (du Guesclin) prit son chemin et son retour, et tous les seigneurs (le France
u on sa compagnie, pour venir dcrechef devant la cite d'Usson, en Auvergne et l'as-
u siegärent; et firent lii le duc de Barry, le duc de Bourbon et le connetablc, amener
u ct charrier grands engins de Rioin et de Clermont, et dresser devant ladite fgrteresge
a et avec tout ce appareiller grands atournemens d'assaut. n (Froissart, Chrom, Cgcxxlx 5
2 u Encontre Bcrlran a la deffense lovee :
a N'i nvoil sale anion! qui ne fus! bien scinde;
u De fiens y ol-on mis mainte grande cliarläe,
a Par coi pierres ifengivn, qui laicns soit gelee,
K Ne mciTace ldans une pomme pelee.
c Car Berlran o! mande par luule la conlrec
c Pluseurs engiens, qu'il lisl venir en celle amie,
K De Saint-Le en y vint, celle ville alozee;
i Berlran les lisl lever sans point de Parreslee.
x Pardevant le chnslcl (de Vzilognes), dom je fais devisge
e: Ont dräciez .Vl. engicns gelans de randonnev,
l lllais en son de la lour, qui fu haulle levee,
u Il avait une garde loule jour ajournee,
c Qui sonnait .1. bacin, quant la pierre est leväe;
.1 E! quant la pierre esloil au chaslel assenee,
a D'une blanche louaille (servielle), qui li fut prescnläe,
a Aloit frolant les murs, faisan! grande risee;
a De ce avoit Berlran forment la chierc iriäe. n
(La Vie vaillant Barman du Guesclin, par Cavalier,
du xxv' siäcle, vers 5076 et suiv.)
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